Les négociations entre Maurice et le Royaume-Uni sur le projet d’accord politique relatif à la restitution de la souveraineté mauricienne sur l’archipel des Chagos entrent dans une phase cruciale.
À l’approche de l’échéance du 20 janvier, marquant l’investiture de Donald Trump à la présidence des États-Unis, l’Attorney General, Gavin Glover, mène une mission stratégique à Londres. Cette démarche s’inscrit dans le cadre des arrangements convenus entre les deux parties.
Les pourparlers, prévus cette semaine, s’appuient sur des contre-propositions mauriciennes formulées en trois volets le 30 décembre dernier. Les trois axes prioritaires au cœur des négociations sont la souveraineté complète de Maurice sur l’archipel des Chagos, la révision de la formule d’indemnisation, prenant en compte un indice d’inflation et la durée du bail de la base militaire américaine de Diego Garcia, avec des garanties sur les intérêts stratégiques régionaux.
Hier, la Chagos Political Cell, dirigée par le Premier ministre Navin Ramgoolam et incluant le Deputy Prime Minister Paul Bérenger, l’Attorney General, ainsi que le ministre des Affaires étrangères, Ritesh Ramful, s’est réunie pour finaliser le dossier des discussions. Gavin Glover, accompagné d’autres experts du gouvernement, tels que le juriste et constitutionnaliste, Milan Meetarbhan et Me Dhiren Dabee, ancien Sollicitor General et Senior Counsel, impliqué de longue date dans ce dossier, ont pris l’avion pour Londres afin de représenter Maurice dans ces discussions.
Malgré l’importance de ces pourparlers, aucune déclaration officielle n’a été faite par le gouvernement mauricien pour éviter de compromettre le processus en cours. Cependant, le déplacement de Gavin Glover confirme que les consultations entre Maurice et le Royaume-Uni progressent vers la signature d’un traité bilatéral, marquant une étape décisive dans la décolonisation de Maurice.
À Londres, la reprise des travaux parlementaires à la Chambre des Communes a été marquée par des tensions. Le Parti conservateur, qui avait initié les négociations en novembre 2022, critique désormais l’accord. Le secrétaire d’État à la Défense britannique, John Healey, a répondu fermement aux objections, affirmant que l’accord garantit le fonctionnement de la base conjointe entre le Royaume-Uni et les États-Unis pour au moins 99 ans et est soutenu par des acteurs majeurs tels que l’Union africaine et le Conseil de sécurité de l’ONU.
Cependant, la presse britannique, notamment The Independent et The Daily Mail, rapporte que le Royaume-Uni n’a pas encore discuté de l’accord avec l’administration Trump, qui pourrait remettre en question le processus. Selon John Healey, cet accord constitue une avancée historique, sécurisant à la fois la base militaire et les intérêts stratégiques dans la région Indopacifique.
Alors que les deux parties s’efforcent de trouver un terrain d’entente, cette mission pourrait s’avérer déterminante pour sceller un accord mettant un terme à des décennies de litiges.