Huit mois après avoir pris les rênes du ministère de l’Énergie et des Services publics, Patrick Assirvaden dresse un constat sans détour : la sécurité énergétique reste sa priorité absolue. Patrick Assirvaden a rappelé que cette année, des chiffres préoccupants ont été enregistrés. Nous avons subi des délestages partiels en février et avril. Une bonne partie de notre capacité installée, soit 634 MW, repose sur des infrastructures âgées de 15 à 37 ans », a-t-il affirmé.
Le pic de demande enregistré cette année — 567,9 MW en février, contre une prévision de 544 MW — illustre une tension croissante sur le réseau. « Le Central Electricity Board (CEB) ne peut actuellement pas fournir près de 90 MW nécessaires à des projets en cours comme les smart cities et les nouveaux hôtels. Il faut agir vite », a insisté Patrick Assirvaden.
Autre signal d’alerte : plus de 100 000 climatiseurs sont utilisés chaque nuit pendant l’été, contribuant à la pression sur le réseau.
Face à cette urgence, le gouvernement envisage des solutions provisoires, notamment le déploiement de deux unités mobiles de 30 MW chacune et la possibilité de recourir à une barge électrique flottante. « Rien n’est encore décidé, mais nous devons garantir l’approvisionnement du pays », a insisté le ministre.
Malgré son attachement affiché aux énergies renouvelables, Patrick Assirvaden reste lucide : l’objectif des 60 % d’énergie verte d’ici 2030 est jugé ambitieux, mais probablement hors d’atteinte dans les délais fixés.
Une nouvelle stratégie énergétique sera présentée par la Mauritius Renewable Energy Agency (MARENA) dans le mois à venir. Elle inclura des projets de photovoltaïque flottant (notamment à Tamarind Falls), d’agrivoltaïsme, ainsi que l’intégration systématique de batteries de stockage d’au moins trois heures pour chaque projet.
Le ministre Assirvaden a également annoncé l’acquisition d’une batterie de 20 MW et prévoit d’en acheter d’autres prochainement.
Patrick Assirvaden a également précisé qu’un appel d’offres a été lancé en juillet pour une barge électrique et des turbines à gaz, des solutions encore inédites à Maurice. Il a invité les entreprises américaines à participer pour aider Maurice à sortir de la crise énergétique, lors d’un Fireside Chat de haut niveau mercredi dernier, réunissant l’ambassadeur américain à Maurice, Henry Jardine et la Chambre de commerce américaine (AmCham). Cette rencontre a été l’occasion d’un échange franc sur les défis énergétiques auxquels fait face Maurice, ses ambitions renouvelables et les opportunités de coopération avec les entreprises américaines.