La récente décision du gouvernement britannique de céder la souveraineté des Îles Chagos à Maurice est au cœur d’un débat houleux au Royaume-Uni, suscitant des interrogations sur les implications stratégiques, légales et financières d’un tel accord.
Ce dossier, analysé en profondeur dans le rapport « Averting a Strategic Misstep » publié par le groupe de réflexion britannique Policy Exchange, met en lumière les nombreux risques, pour le Royaume-Uni, liés à cet accord.
Les auteurs de cette étude, Marcus Solarz Hendriks, Yuan Yi Zhu et Richard Ekins, soulignent les dangers que cette cession représente pour la sécurité nationale britannique et pour la stabilité géopolitique de la région Océan Indien.
Selon Policy Exchange, la cession des Chagos à Maurice pourrait ouvrir la porte à une présence chinoise accrue dans la région.
La raison évoquée est que la Chine intensifie son influence dans l’océan Indien à travers une stratégie qualifiée de « collier de perles », en établissant des bases commerciales et militaires dans des États voisins comme Djibouti et le Sri Lanka.
Cette étude souligne que le risque est particulièrement préoccupant pour les États-Unis. Les auteurs expliquent que bien que l’administration Biden ait exprimé son soutien à l’accord, l’arrivée au pouvoir de Donald Trump pourrait bouleverser cette dynamique.
Plusieurs membres de l’administration Trump, dont le conseiller à la sécurité nationale désigné Michael Waltz et le futur secrétaire d’État Marco Rubio, ont exprimé leur inquiétude quant à cet accord, le qualifiant de menace pour la sécurité régionale et de potentiel levier pour la Chine.
Cette position pourrait fragiliser les relations transatlantiques à un moment où le Royaume-Uni cherche à renforcer son partenariat avec Washington, dira l’étude
Sur le plan juridique, le rapport de Policy Exchange souligne que ce transfert de souveraineté repose sur des bases discutables.
L’avis rendu par la Cour internationale de justice en 2019, qualifiant l’administration britannique des Chagos d’acte illégal, n’est pas contraignant. Pourtant, le gouvernement britannique semble agir comme si cet avis avait une force obligatoire.
Les auteurs avertissent le gouvernement britannique que céder les Chagos à Maurice pourrait établir un précédent, encourageant d’autres revendications sur des territoires britanniques comme Gibraltar ou les îles Falkland.
L’accord suscite également des critiques sur son volet financier. Selon les auteurs, Maurice demande une compensation de l’ordre de 800 millions de livres sterling par an, en plus de paiements initiaux considérables. Ces exigences financières jugées exorbitantes par les auteurs, combinées aux liens croissants de Maurice avec Pékin, risquent d’accentuer la dépendance économique du pays à la Chine.
Crédit : Rapport Averting a Strategic Misstep, publié par Policy Exchange et rédigé par Marcus Solarz Hendriks, Yuan Yi Zhu et Richard Ekins.