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TopFMaster: Le 27/12/2024 à 10:48 | MAJ à 27/12/2024 à 10:50
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Publié : Le 27/12/2024 à 10:48 | MAJ à 27/12/2024 à 10:50
Par : TopFMaster

Le 10 décembre dernier, le Premier ministre mauricien, Navin Ramgoolam, a présenté un audit de l’état de l’économie et des finances publiques, qui a mis en lumière des divergences importantes dans les données économiques du pays, ainsi qu’une position fiscale plus fragile que celle initialement rapportée. Cette situation complique considérablement les efforts de consolidation fiscale en cours.

Si l’engagement du gouvernement en faveur de la transparence et des réformes fiscales est un point positif, la capacité à concrétiser ces engagements sera déterminante pour restaurer la confiance et réduire la dette sur le long terme.

Parmi les principales conclusions de l’audit figure une révision à la baisse de la croissance du PIB, ainsi qu’un déficit budgétaire plus élevé pour l’exercice 2025 (année se terminant en juin 2025). La croissance réelle du PIB pour 2023 est désormais estimée à 5,6 %, bien en deçà de la prévision initiale de 7,0 %. Quant au déficit budgétaire de l’exercice 2025, il a été révisé à 6,7 % du PIB, largement au-dessus de la prévision de 4,3 % et de l’objectif budgétaire de 3,4 %.

Cette révision s’explique par plusieurs facteurs. Environ deux tiers de l'augmentation du déficit pour 2025 proviennent des recettes fiscales inférieures aux prévisions de l'exercice 2024, créant ainsi une base plus faible pour les recettes de 2025. Le reste découle de la diminution des droits d’accise et des dividendes, couplée à une augmentation des dépenses, partiellement compensée par une réduction des investissements publics. De plus, la dette du secteur public a atteint 83 % du PIB en juin 2024, contre 78 % précédemment annoncé.

Lors de la confirmation de la note Baa3 de Maurice en juillet dernier, les prévisions annonçaient une solide croissance économique et une consolidation fiscale continue. La prévision de croissance était de 5,9 %, bien au-dessus de la moyenne historique de 3,8 %, et un déficit réduit à 4,3 % du PIB. Cependant, les conclusions de l’audit laissent présager un ralentissement de la consolidation fiscale, rendant la charge de la dette et les indicateurs d’accessibilité à la dette moins favorables que ceux des autres pays de la même catégorie Baa3.

L’audit a également révélé une diminution des soldes des différents fonds spéciaux du gouvernement, ce qui risque de mettre davantage de pression sur les finances publiques. L’utilisation de transferts depuis ces fonds a compliqué la compréhension du rythme de la consolidation fiscale par le passé. L’écart grandissant entre les cotisations à la Contribution Sociale Généralisée (CSG) et les paiements effectués par le fonds accentue encore les tensions sur les dépenses publiques. En outre, l’audit a souligné la situation financière fragile de plusieurs entreprises publiques, qui nécessiteront un soutien gouvernemental ou créeront une responsabilité contingente en l’absence de ressources propres.

Les résultats de l’audit soulignent l’urgence d’une mise en œuvre efficace des politiques. L’engagement de Ramgoolam de ramener la dette à 60 % du PIB et d’atteindre un solde primaire fiscal représente un objectif ambitieux. Le Premier ministre, qui bénéficie d’une large majorité au Parlement, pourrait disposer des leviers nécessaires pour mener à bien cette consolidation fiscale.

Toutefois, la réussite de Maurice dans la gestion de ces défis fiscaux reposera en grande partie sur la capacité du gouvernement à mettre en œuvre ses réformes de manière efficace, en particulier celles visant à réduire la dette, tout en préservant les dépenses sociales essentielles.