Les négociations entre Maurice et le Royaume-Uni au sujet de l’archipel des Chagos entrent dans une phase décisive. Une délégation mauricienne, conduite par l’Attorney General Gavin Glover et composée d’experts du gouvernement, se trouve actuellement à Londres pour représenter Port-Louis dans ces discussions sensibles.
Pour tenter de conclure l’accord avant l’investiture de Donald Trump, prévue dans moins de deux semaines, le Royaume-Uni aurait proposé un paiement anticipé de 90 millions de livres sterling dans le cadre d’un bail de 99 ans. Ce geste viserait à apaiser les réticences de la nouvelle administration mauricienne, qui a manifesté des inquiétudes sur le projet d’accord précédent.
Malgré la confidentialité de certains éléments en raison de leurs pertinences militaires, la proposition, rapporte par la presse, représente un compromis entre les revendications de Maurice pour un règlement financier plus élevé et la volonté britannique de limiter les coûts globaux. Les pourparlers avaient stagné après la défaite électorale de Pravind Jugnauth, qui avait négocié un projet d’accord initial avec Keir Starmer en octobre dernier.
Son successeur, Navin Ramgoolam, a qualifié l’accord précédent de « non satisfaisant pour les intérêts de la nation » et a exigé la reprise des discussions. Parmi les principaux points de blocage figurent les aspects financiers, mais aussi les termes du bail et les droits de révision revendiqués par Londres.
Au Royaume-Uni, l’offre a suscité une vive opposition. Kemi Badenoch du Parti conservateur, a accusé le Premier ministre britannique Sir Keir Starmer de « s’agenouiller » dans les négociations internationales et de « céder gratuitement » des concessions. Nigel Farage, leader de Reform UK, a prévenu que cet accord ferait face à une « hostilité totale » de la part de l’administration républicaine entrante.
Aux États-Unis, certains proches de Donald Trump, dont son futur secrétaire d’État Marco Rubio, ont exprimé leurs réserves. Rubio a notamment affirmé que l’accord pourrait « offrir une opportunité à la Chine communiste de collecter des renseignements sensibles sur les installations navales ».
Malgré ces critiques, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a assuré que l’accord a reçu un accueil favorable au sein des institutions américaines, notamment par les agences de renseignement, le département d’État, le Pentagone et la Maison-Blanche.
En coulisses, des responsables britanniques demeurent confiants que Donald Trump et ses alliés républicains soutiendront finalement l’accord après un examen complet des détails. Jonathan Powell, conseiller en sécurité nationale de Keir Starmer, a récemment mené des discussions directes aux États-Unis avec des membres clés de l’administration entrante.