La question de la souveraineté des Chagos, territoire stratégique de l’océan Indien, continue de polariser les débats internationaux, exacerbée par une intervention surprise des Maldives. Alors que le Royaume-Uni et Maurice semblaient proches d’un accord historique, l’initiative maldivienne jette un pavé dans la mare, ravivant tensions et controverses.
Mardi au Parlement, le Premier ministre mauricien, Navin Ramgoolam, a exprimé des réserves quant à l'équité des termes initiaux, affirmant qu’ils ne profitaient pas suffisamment à Maurice. Une contre-proposition a été soumise, retardant la signature de l’accord.
En pleine négociation entre Londres et Port-Louis, les Maldives ont soudainement revendiqué les Chagos, déclarant dans une lettre officielle que l’archipel avait des liens historiques et culturels plus forts avec leur nation. Le président maldivien, Mohamed Muizzu, s’est appuyé sur des écrits des anciens sultans pour légitimer cette demande.
Ce coup de théâtre complique davantage les négociations. Si Maurice et le Royaume-Uni ont réaffirmé leur volonté de finaliser un accord rapidement, cette nouvelle revendication pourrait redistribuer les cartes dans un dossier déjà épineux.
La base de Diego Garcia est un pilier clé de la stratégie militaire anglo-américaine dans l’océan Indien. Nigel Farage, leader du Parti réformiste britannique, a mis en garde contre les répercussions de cet accord, évoquant un précédent dangereux après la rétrocession de Hong Kong à la Chine.
La proximité de Diego Garcia avec des routes maritimes cruciales et la montée en puissance de la Chine dans la région renforcent les tensions. Farage a également suggéré un référendum parmi les Chagossiens exilés, une proposition qui divise.
Maurice rappelle que l'archipel des Chagos a été détaché illégalement en 1965, trois ans avant l’indépendance, en échange d’une somme dérisoire et sous forte pression britannique. Depuis, Port-Louis lutte pour récupérer ce territoire, soutenu par des résolutions de l'ONU et des avis de la Cour internationale de justice.
L'intervention des Maldives, perçue par certains comme opportuniste, pourrait avoir des répercussions sur les alliances régionales, notamment avec l'Inde, qui soutient fermement Maurice dans cette affaire.
Alors que la date de l’investiture du président américain Donald Trump approche, le Royaume-Uni semble vouloir accélérer les discussions pour éviter toute opposition de la nouvelle administration américaine.
Cependant, avec l’entrée des Maldives dans le dossier et les réserves exprimées par Navin Ramgoolam, un consensus semble plus lointain que jamais.
Les Chagos restent ainsi un symbole des enjeux géopolitiques, économiques et humains d’un passé colonial qui continue de peser sur le présent.