S’il existait un trophée pour l’art de concilier activité professionnelle, loyauté politique, proximité familiale et omniprésence dans les sphères de l’État, Shamila Sonah-Ori serait sans conteste la grande gagnante, sans même passer par les urnes.
Mais rendons à César ce qui est à César.
Avouée de profession, elle cumule des années de carrière dans le domaine juridique.
Mais ce qui impressionne davantage, c’est sa capacité exceptionnelle à toujours tomber du bon côté de la balance politique.
Elle est surtout connue pour son lien étroit avec la famille Jugnauth, étant la cousine de l’épouse de l’ancien Premier ministre, Pravind Jugnauth.
Ce n’est donc pas un hasard si elle a été son avouée attitrée dans l’affaire MedPoint et dans diverses autres affaires politico-judiciaires, y compris une polémique autour d’une photo avec Rikesh Sumboo, un proche de Franklin.
Elle a également représenté l’ancien ministre Maneesh Gobin dans une poursuite privée contre l’activiste Vivek Pursun.
Politiquement, Shamila Sonah-Ori a toujours affiché ses couleurs : orange vif.
Conseillère municipale à Quatre-Bornes de 2000 à 2005, elle a également été Election Agent du MSM en 2019 dans la circonscription no. 8 (Moka/Quartier Militaire).
Pourtant, elle assure avoir tourné le dos à toute activité partisane depuis… 2005.
En 2018, dans un geste d’une modestie désarmante, le gouvernement propose de la nommer à l’Electoral Supervisory Commission, censée garantir la neutralité des élections. Rien de moins.
Pour Xavier-Luc Duval, le leader de l’opposition d’alors, cela relève de l’absurde : il l’avait d’ailleurs qualifiée « d’activiste notoire ».
Devant le tollé, Shamila Sonah-Ori finit par renoncer à sa nomination dans une lettre adressée au président de la République… dénonçant au passage une « politique à outrance ». Ironie du sort ou exercice de style ?
Néanmoins, elle clame être compétente pour occuper ce poste.
La famille Ori-Jugnauth semble très appréciée dans les couloirs feutrés des institutions publiques.
Les différents honoraires de Shamila Sonah-Ori au sein de diverses institutions publiques, ainsi que sa présence dans plusieurs conseils d’administration, auraient coûté à l’État la bagatelle de Rs 84,7 millions en dix ans.
Elle a été tour à tour… commissaire pour la protection des emprunteurs, membre de l’Assessment Review Committee, membre du conseil d’administration chez AHL Properties, Lanscope Mauritius, BPML Freeport Services, Informatics Park Ltd, MGI/RTI, et présidente du Senior Appointments Committee du MIE.
Mais la vraie prouesse de Shamila Sonah-Ori, c’est sa capacité à représenter une impressionnante série d’institutions publiques — souvent sensibles, toujours stratégiques :
SBM Bank (Mauritius), ICT Authority, Mauritius Duty Free Paradise, SBM Holdings, Mauritius Police Force, FIU, Airports of Mauritius, MHC Ltd, Independent Review Panel, MauBank, MBC, Polytechnics Mauritius, Air Mauritius, IBA...
Répondant au député Roshan Jhummun, le Premier ministre, le Dr Navin Ramgoolam, ne mâche pas ses mots…
On n’entre pas dans ces cercles en souriant.
Cela demande un réseau solide et bien huilé, sans compter un coup de pouce de la « kwizinn » de l’ancien régime.
Selon la réponse du Dr Navin Ramgoolam au Parlement, cette avouée d’exception aurait coûté la coquette somme de Rs 84,7 millions aux contribuables.