
L’arrestation de l’ancien Premier ministre, Pravind Jugnauth, dans une affaire de blanchiment d’argent a provoqué une onde de choc sur la scène politique mauricienne. Cette opération fait suite à une perquisition menée par la Financial Crimes Commission (FCC), au cours de laquelle une somme de Rs 114 millions a été saisie.
Interrogé par le Mauritius Times, Me Antoine Domingue, Senior Counsel et ancien président du Bar Council, a indiqué ne pas être en mesure de confirmer les montants avancés. Il a toutefois rappelé l'affaire Med Point, qui avait fait grand bruit avant 2014. Dans ce dossier, Pravind Jugnauth avait été initialement condamné à un an de prison, avant de voir cette sentence annulée en appel et confirmée par le Conseil privé, suite à un recours de l’ancien Directeur des Poursuites Publiques (DPP).
Concernant les dépenses électorales dans la circonscription no 8 lors des législatives de 2014, l'avocat a évoqué les Kistnen Papers, qui estiment ces dépenses à environ Rs 6 millions. Il a souligné qu'à ce jour, l’enquête policière n’a pas encore abouti.
Abordant les nouvelles accusations de blanchiment d’argent visant l’ex‑Premier ministre, Me Domingue a mis en exergue la gravité de l’affaire, compte tenu du montant en jeu. "L’issue reste incertaine. Y aura-t-il des condamnations ? Si oui, contre qui et pour quelles infractions ? Il est encore trop tôt pour le dire", a‑t‑il déclaré.
L’avocat a également rappelé que la Private Prosecution intentée par SurenDayal contre Pravind Jugnauth devant la Cour de district de Port‑Louis s’est soldée par un non‑lieu, après un classement sans suite décidé par l’ex‑DPP. Cette décision faisait suite à une motion introduite par Pravind Jugnauth devant la Cour suprême, dans laquelle Me Domingue avait plaidé pour l'implication du DPP, une requête acceptée par la Cour.
Me Domingue a insisté sur les étapes judiciaires encore à venir. "L’enquête doit être complétée avant d'être transmise au DPP, qui décidera des suites à donner. La charge provisoire n’est qu’un premier pas. Il faudra déterminer contre qui des poursuites seront engagées et sous quelles qualifications pénales", a‑t‑il expliqué.
Les récents amendements au Financial Crimes Commission Act ont rétabli le pouvoir de poursuite au DPP, renforçant ainsi l’indépendance du processus judiciaire. L’arrestation de Pravind Jugnauth intervient dans un contexte où la population attend davantage de transparence et de responsabilité de la part de ses dirigeants. Me Domingue estime que les réformes en cours visent à répondre à ces attentes, notamment en consolidant les pouvoirs du DPP et en garantissant l’impartialité des enquêtes.
Interrogé sur l’histoire politique et les trahisons qui la jalonnent, Me Domingue a répondu : "Ceux qui fréquentent les chiens attrapent des puces." Il estime que la situation actuelle était prévisible et qu’il suffit parfois d’un grain de sable pour enrayer une machine bien huilée.