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Keshinee: Le 02/06/2025 à 08:47 | MAJ à 02/06/2025 à 08:50
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Affaire-Vanessa-Lagesse
Publié : Le 02/06/2025 à 08:47 | MAJ à 02/06/2025 à 08:50
Par : Keshinee

Cette décision marque la fin d’une longue bataille judiciaire entamée en 2001, et relance le débat sur les erreurs judiciaires possibles dans les procès fondés sur des preuves scientifiques controversées.


Vanessa Lagesse a été retrouvée sans vie dans sa baignoire à Grand Baie le 10 mars 2001. Pendant plus de deux décennies, les circonstances entourant son décès ont alimenté de nombreuses spéculations et procédures judiciaires. Ce n’est qu’en juin 2024 que l’affaire a finalement été jugée par les Assises. Le procès, qui a duré six semaines, s’est conclu le 27 juin 2024 avec un verdict de culpabilité pour homicide involontaire, prononcé à la majorité de 7 jurés contre 2. Le 1ᵉʳ août 2024, Bernard Maigrot a été condamné à 15 ans de servitude pénale.


Le 12 août 2024, soit au-delà du délai légal de 21 jours pour faire appel après une condamnation, Bernard Maigrot a contesté à la fois sa culpabilité et la peine prononcée. L’État avait soulevé une objection, estimant que l’appel était irrecevable en raison du retard.

Dans son jugement rendu le 27 mai 2025, la Cour suprême a estimé que des circonstances exceptionnelles justifiaient un examen au fond de l’affaire. En effet, plusieurs éléments soulevaient des doutes sérieux quant à l’équité du procès initial :
• l’absence de preuve directe,
• une preuve ADN contestée dont la date était incertaine,
• un alibi jugé solide par la défense,
• ainsi que des lacunes dans les directives données au jury.


Bernard Maigrot avait toujours nié toute implication dans la mort de Vanessa Lagesse. Il a soutenu qu’il s’était rendu chez la victime le 6 mars 2001, mais pas la nuit du crime. Son ADN retrouvé sur deux draps avait été interprété par la poursuite comme une preuve de sa présence sur les lieux le soir du drame. Pourtant, les experts – tant de la défense que de la poursuite – ont convenu qu’il est impossible de dater précisément la présence de l’ADN.


Par ailleurs, le témoignage de Martine Desmarais a confirmé que Bernard Maigrot et sa famille étaient chez elle dans la nuit du 9 au 10 mars, et son épouse, Isabelle Maigrot, a soutenu qu’il était resté à la maison cette nuit-là.


La Cour suprême a estimé que de nombreuses failles dans la conduite du procès de Bernard Maigrot ont porté atteinte à l’équité du verdict. Elle a pointé notamment des erreurs juridiques, l’absence de directives importantes au jury, des insuffisances dans les explications sur les preuves scientifiques et circonstancielles, ainsi qu’un traitement inadéquat de l’alibi présenté par l’accusé.


Pour les juges, ces manquements étaient suffisamment graves pour remettre en cause la validité du verdict. Ils ont considéré qu’un jury correctement guidé n’aurait pas nécessairement conclu à la culpabilité de l’accusé.


La Cour a estimé que maintenir la condamnation serait injuste. Elle a donc annulé le verdict et la peine, et a décidé que Bernard Maigrot, aujourd’hui âgé de 63 ans, devait être acquitté.