
Le bras de fer judiciaire entre la Mauritius Investment Corporation (MIC) Ltd et Menlo Park Ltd, assorti de plusieurs co-défendeurs, prend une tournure explosive. Ce dossier, devenu symbole d’une controverse nationale autour de l’argent public, de soupçons de pressions politiques et d’arrestations en série au sommet de l’appareil économique et financier, se retrouve désormais devant la Cour suprême. Celle-ci est appelée à statuer sur la demande de la MIC, qui sollicite un délai d’un mois supplémentaire afin d’évaluer les propositions d’un éventuel règlement à l’amiable.
Au cœur du litige, un prêt de Rs 45 millions accordé à Menlo Park Ltd le 28 octobre 2024, à quelques jours seulement des élections générales. Ce financement, approuvé en dépit du rejet initial par le conseil d’administration de la MIC, a aussitôt soulevé de sérieuses accusations de fraude et d’irrégularités dans le processus d’approbation.
La polémique a rapidement pris une tournure judiciaire. En janvier 2025, Harvesh Seegolam, alors ex-gouverneur de la Banque de Maurice, a été arrêté à son retour de Dubaï. Inculpé de « conspiracy to defraud public fund », il a été libéré sous caution, mais son arrestation a marqué un tournant dans l’affaire.
D’autres figures majeures ont suivi :
- Jitendra Bissessur, ancien CEO de la MIC, le 21 janvier 2025 ;
- Stéphane Adam et Mary-Queenie Adam, codirecteurs de Menlo Park Ltd, le 4 mars 2025 ;
- Renganaden Padayachy, ancien ministre des Finances, le 16 avril 2025.
Ces interpellations ont renforcé les soupçons d’un système bien plus large, où des connexions politiques et économiques auraient pesé dans la balance.
Bien qu’il ait nié toute implication, Rama Sithanen, nommé gouverneur de la Banque de Maurice le 15 novembre 2024, se retrouve au centre de la controverse. Néanmoins, il rappelle qu’il n’était pas encore en poste lors de l’octroi du prêt. Mais un élément continue d’alimenter les soupçons : des données de géolocalisation auraient confirmé la présence de Stéphane Adam à son domicile le 19 octobre 2024, soit quelques jours avant la publication d’un sondage électoral de Pulse Analytics.
Cette rencontre, interprétée comme potentiellement politique, pose question : le prêt de Rs 45 millions a-t-il été accéléré ou approuvé sous l’influence de pressions extérieures ?
Rama Sithanen insiste sur le fait que plusieurs demandes de financement de Menlo Park avaient été rejetées auparavant, et que les procédures internes de la MIC n’auraient pas été respectées.
Alors que le dossier reste brûlant, la MIC a demandé un délai supplémentaire d’un mois pour examiner les propositions de règlement à l’amiable avec Menlo Park Ltd. Cette demande, portée devant la Cour suprême, vise à clarifier la position de la MIC dans un contexte où la pression médiatique, politique et financière est à son comble.
Les prochaines audiences seront cruciales : un accord à l’amiable pourrait clore le dossier, mais une impasse risquerait au contraire d’accentuer la crise de confiance autour de la gestion des fonds publics par la MIC et de ses relations avec le monde politique.