
La sortie de prison n’est qu’un début, surtout pour les femmes. Rejet, précarité, silence autour des traumatismes : l’étude menée par l’Association Kinouété révèle un parcours de réinsertion semé d’embûches spécifiques au genre. Pour se reconstruire, ces femmes ont besoin de plus qu’un emploi : il faut bâtir tout un système de soutien adapté.
À Maurice, les femmes incarcérées affrontent une réinsertion sociale bien plus ardue que leurs homologues masculins. Stigmatisées, isolées, parfois rejetées par leurs propres familles, elles doivent non seulement lutter contre leurs erreurs passées, mais aussi contre des normes de genre rigides et une société peu accueillante.
C’est l’un des constats majeurs de l’étude de Sheistah Bundhoo-Deenoo, dévoilée par l’Association Kinouété.
Les anciennes détenues doivent composer avec le poids du regard social, la précarité économique et des traumatismes non résolus. L’étude cite notamment le cas de Michela Ravate, ancienne détenue et mère de famille, qui a dû tout reconstruire après sa libération. Aidée par Kinouété, elle a relancé une activité de pâtisserie : « Aujourd’hui, je peux dire que je suis à l’aise dans mon business. Mais c’était très difficile au début », confie-t-elle.
L’étude plaide pour une approche « gender-sensitive » incluant des thérapies tenant compte des traumatismes, un soutien à la parentalité, un accès à des logements sûrs et un service de garde d’enfants.
Elle recommande également la création de groupes de parole et un meilleur accès aux soins en santé mentale.
Selon l’étude de l’Association Kinouété, offrir aux femmes ex-détenues une véritable chance de reconstruction profite à toute la société : cela réduit la récidive, renforce la cohésion sociale et fait progresser l’égalité.