
Le Kolektif Pa Tous Nou SIM Card adresse une mise en garde solennelle au Premier ministre, le Dr Navin Ramgoolam. Dans une lettre datée de mai 2025, les membres du Kolektif s’inquiètent profondément de la mise en œuvre imminente des passeports biométriques à Maurice.
Pour eux, cette initiative, si elle est lancée sans garde-fous juridiques et techniques solides, constitue une menace directe à la vie privée, à la sécurité des données et aux libertés individuelles des citoyens.
Biométrie oblige, ces passeports nécessitent la collecte de données ultrasensibles : empreintes digitales, scans du visage, voire de l’iris. Et selon le Kolektif, une fois ces données compromises, il n’existe aucun retour en arrière. Contrairement à un mot de passe, on ne peut pas changer son visage ou ses empreintes.
Plus grave encore : le danger de piratage, de surveillance clandestine via la technologie Radio Frequency Identification (RFID) et de partage abusif de données entre les agences de l’État ou avec des acteurs privés. Pour éviter ce glissement vers un modèle de surveillance massive, le Kolektif appelle le gouvernement à respecter les standards internationaux les plus stricts.
Citant la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) en France, la Cour constitutionnelle en Allemagne ou encore la jurisprudence de la Cour suprême indienne, ils réclament l’interdiction formelle de tout partage de données biométriques sans consentement éclairé et décision judiciaire.
La lettre propose une feuille de route claire :
- Réformer la Data Protection Act (DPA) pour l’aligner sur le Règlement général sur la protection des données (RGPD) européen.
- Adopter une politique de minimisation des données.
- Mettre en place une autorité de supervision indépendante, comme une Cyber Security Authority.
- Imposer le chiffrement des données, des protocoles de sécurité avancés et garantir aux citoyens des droits d’accès, de rectification ou de suppression de leurs données.
Le Kolektif demande aussi un débat national transparent, où la population pourra s’exprimer sur la nécessité, les risques et les alternatives au passeport biométrique.
Enfin, il appelle à un audit de sécurité national, afin de mesurer les menaces que ce système pourrait faire peser sur la souveraineté numérique du pays.