La Banque de Maurice publie son 58ᵉ rapport annuel, accompagné du tout premier « Statement » de sa nouvelle Gouverneure, Dr Priscilla Muthoora Thakoor, en poste depuis le 29 septembre 2025. Dans ce document de référence, elle dresse un panorama complet de l’économie mauricienne : inflation, marché des changes, flux de devises, tourisme, investissements dans les titres d’État, mais aussi les nouvelles obligations imposées au secteur immobilier.
Dès son entrée en fonction, la Gouverneure affirme avoir placé la continuité du mandat statutaire et la préservation de l’intégrité institutionnelle au cœur de son action :
« Mes priorités immédiates sont d’assurer l’exécution continue des mandats statutaires, de préserver l’intégrité de l’institution et de renforcer la crédibilité de la Banque de Maurice », souligne-t-elle.
La Banque centrale s’attend à une inflation globale de 3,8 % en 2025, un niveau nettement ancré dans la fourchette cible de 2 à 5 %. Cette prévision reste toutefois conditionnée à une conjoncture internationale stable. Le déficit du compte courant devrait atteindre 6,5 % en 2025, tiré par un creusement des déficits dans les segments des biens et des revenus secondaires. Le secteur touristique continue d’alimenter la croissance. Les recettes brutes, qui ont atteint Rs 93,6 milliards en 2024, devraient dépasser ce niveau en 2025, contribuant fortement au compte des services.
Face à une économie mondiale plombée par les tensions commerciales, la Banque de Maurice intensifie ses collaborations internationales pour renforcer la résilience du pays.
Les flux en devises ont rebondi en 2024-2025, avec un chiffre d’affaires total de 14,4 milliards de dollars, soit 17 % de plus que l’année précédente.
Cette hausse est attribuée à des mesures destinées à corriger les distorsions créées par des opérations de change non autorisées et l’existence d’un marché parallèle. C’est l’une des annonces majeures du rapport.
Les régulations encadrant les IRS, RES, IHS, PDS et SCS ont été revues : au moins 85 % des ventes immobilières résidentielles devront désormais être converties en roupies, afin de renforcer les réserves en devises et limiter la dépendance excessive aux flux étrangers.
La roupie s’est appréciée de 5 % face au dollar en 2024-2025, portée par des facteurs domestiques et internationaux. La Banque de Maurice est intervenue à hauteur de 415 millions de dollars américains durant l’exercice, dont l’essentiel au second semestre 2024. Le FMI, dans son rapport Article IV, a maintenu son appui au régime de taux de change flottant.
La Banque de Maurice travaille à une mise à jour profonde de la législation bancaire, visant à renforcer les contrôles, l’indépendance institutionnelle et la stabilité de la juridiction mauricienne.