La lutte contre le trafic de drogue, priorité nationale, vient d’être réaffirmée avec force par la Cour suprême. Dans un jugement rendu le 19 novembre 2025, le juge Mehdi Manrakhan a condamné les ressortissants guinéens Fode Camara et Aissatou Lamarana Balde à 26 ans de servitude pénale chacun, assortis d’une amende de Rs 50 000 sous chaque chef d’accusation, pour importation d’héroïne avec circonstances de trafic.
Les faits remontent au 21 avril 2019. Les deux accusés, arrivés à l’aéroport SSR sur un vol Emirates, avaient ingéré des pellets d’héroïne au Mali avant de transiter par le Kenya et Dubaï. Le duo se faisait passer pour un couple en vacances afin de déjouer les contrôles. À l’hôpital Jawaharlal Nehru, Fode Camara a expulsé 56 boulettes contenant 844,20 g d’héroïne, estimés à Rs 13 millions. Aissatou Lamarana Balde, elle, a expulsé 28 boulettes, soit 335,03 g, évalués à Rs 5 millions.
L’enquête a démontré que toute l’opération avait été pensée, discutée et mise en place à Bamako. Aissatou Lamarana Balde aurait même confié avoir transporté de la drogue vers d’autres pays, notamment le Brésil. Lors de leur audition, les deux accusés ont tenté de justifier leur implication par des difficultés personnelles et des pressions extérieures. Fode Camara évoquait une carrière de footballeur brisée par les blessures, tandis qu’Aissatou Lamarana Balde parlait de problèmes familiaux et d’une prétendue coercition.
Le juge Mehdi Manrakhan n’a pas été convaincu, soulignant que les mules sont souvent « sélectifs ou auto-protecteurs » dans leurs déclarations et que leurs récits ne concordaient pas avec les faits établis. Le juge retient plusieurs éléments lourds : la quantité importante d’héroïne importée, la valeur totale dépassant Rs 18 millions, une opération structurée, transfrontalière, exécutée avec méthode, la stratégie de dissimulation, notamment en se faisant passer pour un couple.
Ainsi, le point de départ fixé était de 39 ans de servitude pénale, conformément à la gravité des faits. Après application du tiers de remise pour leur plaidoyer de culpabilité, la peine a été ramenée à 26 ans. Le duo de mules devra également s’acquitter de Rs 50 000 d’amende chacun et payer Rs 2 000 de frais.
Ce jugement s’inscrit dans un contexte où la lutte contre le trafic demeure une priorité absolue pour les autorités mauriciennes. En sanctionnant sévèrement deux « mules » internationales, la Cour suprême envoie un message fort aux réseaux criminels : Maurice reste intransigeant face à l’importation de drogues dures.