Ce mardi 11 novembre marque le premier anniversaire de la victoire écrasante de l’Alliance du Changement aux législatives de 2024. Un an plus tard, le constat est brutal.
Après un score historique de 60 sièges sur 60, le peuple s’attendait à une ère nouvelle, synonyme de renouveau démocratique et de gouvernance exemplaire. Mais l’euphorie du changement s’est vite muée en désillusion.
Si les visages ont changé aux portes des ministères, la culture du pouvoir demeure inchangée. Les vieilles habitudes ont survécu aux promesses électorales, et l’élan réformateur annoncé semble s’être essoufflé avant même d’avoir trouvé son souffle.
Le gouvernement 60-0 avait promis transparence et réformes profondes : adoption d’une Freedom of Information Act, refonte du financement des partis politiques, et renforcement de l’indépendance institutionnelle. À cela s’ajoutaient des engagements économiques ambitieux pour freiner la hausse du coût de la vie et stabiliser les finances publiques.
Mais qu’en est-il vraiment un an après ?
L’observateur politique Jocelyn Chan Low souligne que la première année d’un mandat est souvent celle des décisions impopulaires, avant que le pouvoir en place ne tente, en fin de parcours, de recréer un « feel good factor ».
Pour Jocelyn Chan Low, l’Alliance du Changement n’a pas tenu ses promesses électorales. Il cite, entre autres, le relèvement controversé de l’âge de la pension de 60 à 65 ans, décidé sans réelle consultation publique.
« Il y a eu beaucoup de désillusion, et la véritable cassure, aujourd’hui, c’est celle entre le peuple et son gouvernement », affirme-t-il.
De son côté, Jean-Luc Mootoosamy, journaliste et observateur politique, reconnaît quelques avancées, notamment sur le plan de la liberté d’expression.« La fin de la peur » a été célébrée à l’arrivée au pouvoir de l’Alliance du Changement, souligne-t-il.
Mais il rappelle aussi que plusieurs promesses électoralistes ont été faites dans la précipitation, tandis que certaines réformes — comme la revalorisation des pensions — n’étaient pas au programme initial.
Selon Jean-Luc Mootoosamy, la population est devenue plus lucide :« Les Mauriciens ont eu un vaccin anti-promesse électorale. Ils commencent à se lasser des promesses. »
Laura Jaymangal, de Transparency Mauritius, tire également la sonnette d’alarme. Elle estime que le Discours programme du gouvernement était ambitieux, mais que la mise en œuvre reste freinée par un système administratif obsolète et des institutions marquées par l’opacité.
Laura Jaymangal évoque également les nominations controversées qui ont suscité un sentiment d’injustice et de méfiance au sein de la population.
Un an après son raz-de-marée électoral, l’Alliance du Changement fait donc face à une épreuve de vérité : celle d’un peuple désenchanté, qui attend toujours le souffle d’un véritable changement.