
Une enquête menée par la Financial Crimes Commission (FCC), anciennement connue sous le nom d’ICAC, a révélé une vaste affaire d’escroquerie impliquant 38 victimes et un détournement de Rs 34 millions. Le principal suspect, Dewduth Badal, alias Manoj, promoteur du projet immobilier Dream Valley, a été arrêté aujourd’hui.
Tout commence en juin 2016, lorsque Dewduth Badal crée l’entreprise Dream Valley, une société civile dont il est le gérant. En octobre 2017, il obtient un permis de la municipalité de Vacoas-Phoenix pour la construction d’un complexe résidentiel de 57 appartements sur un terrain de 2 173,75 m² à Mon Désir, Vacoas. Il engage un agent pour faire la promotion du projet et multiplie les annonces dans la presse et sur Facebook.
Rapidement, 38 investisseurs sont séduits par cette opportunité immobilière. Ils versent des dépôts pour réserver leurs appartements, avec la promesse d’une livraison pour décembre 2016. Mais très vite, les premiers retards sont apparus.
« Il nous a montré des plans, des documents, tout semblait officiel. J’ai mis toutes mes économies là-dedans… et aujourd’hui, il ne me reste plus rien », témoigne l’une des victimes.
Problème majeur : Dewduth Badal n’est pas enregistré comme entrepreneur auprès du Construction Industry Development Board (CIDB). Malgré cela, il parvient à collecter des fonds via plusieurs circuits, notamment par l’intermédiaire de notaires publics.
Entre 2016 et janvier 2018, l'un d'entre eux collecte Rs 34 577 100 auprès de 26 clients. Sur cette somme, elle effectue Rs 31 671 225 de paiements directs à Dewduth Badal et ses préposés, suivant ses instructions.
Vingt-et-une autres victimes ont déclaré avoir effectué des paiements pour un total de Rs 20 915 000, soit directement à Badal, soit via cette notaire.
En 2020, un autre notaire est sollicité et collecte Rs 2 440 000 auprès des investisseurs. Sur ce montant, 2 415 000 sont rapidement transférés à Badal ou à ses intermédiaires.
Si les transactions se multiplient, le projet, lui, est à l’arrêt. Les travaux, initiés en 2016, sont brutalement interrompus en 2018. Une évaluation des dépenses sur le chantier révèle qu’à peine Rs 18 200 000 ont été réellement investis dans la construction. Où est passé le reste de l’argent ?
« On nous disait que le projet avançait, qu’il y avait des retards… Mais en réalité, il prenait notre argent », confie une autre victime.
En 2020, une plainte anonyme alerte les autorités. La FCC ouvre une enquête et retrace le circuit financier des transactions. Résultat : une série d’entretiens avec les victimes confirme que Dewduth Badal a bel et bien orchestré une gigantesque escroquerie.
Il est arrêté et provisoirement inculpé pour blanchiment d’argent, en vertu de l’article 3(1)(a) de la FIAMLA 2002.Aujourd’hui, les 38 victimes attendent justice et espèrent récupérer leur argent. Mais cette affaire pourrait en fait en cacher d’autres. La FCC informe le public de ne pas hésiter à se rendre auprès d'elle pour des cas similaires.
Dewduth Badal a été arrêté ce matin par les officiers de la FCC et traduit devant le tribunal de Curepipe, où une charge provisoire de blanchiment d’argent a été retenue contre lui. Après sa comparution, les enquêteurs ont effectué une perquisition à son domicile. Il se rendra de nouveau à la FCC pour la continuation de son interrogatoire.