Un spectacle de samba avec des danseuses jugées trop dénudées a suscité la polémique cette semaine en Arabie saoudite, les autorités locales ayant ouvert une enquête dans ce royaume très conservateur du Golfe.
La monarchie musulmane s’est récemment ouverte aux grands événements sportifs et festivals de divertissement, approuvés par une partie de la population mais qui exaspèrent les plus conservateurs. Des vidéos de trois danseuses de samba, se déhanchant dans les rues de Jazan, région côtière du sud-ouest saoudien, ont fait le tour des réseaux sociaux cette semaine.
Les images montrent des femmes vêtues de l’iconique costume à plumes colorées. Les jambes, le bas-ventre et les bras nus, les danseuses étaient toutefois plus couvertes que pour un Carnaval de Rio.
La chaîne de télévision d’Etat El-Ekhbariya a diffusé les images en floutant le corps des jeunes femmes. « Les spectacles sont destinés au divertissement, pas à l’atteinte aux bonnes mœurs et aux comportements contraires à la religion et à la morale de la société », a fustigé un habitant de Jazan interrogé par la chaîne.
Ouverture mais pas trop
Sur les réseaux sociaux, beaucoup d’autres se sont indignés appelant les autorités à sévir, certains estimant au contraire la polémique exagérée, les danseuses n’étant pas si dénudées à leurs yeux. Face à l’émoi des conservateurs, le prince de Jazan a ordonné vendredi l’ouverture d’une enquête et la mise en place de « mesures nécessaires pour empêcher tout abus », sans préciser lesquelles.
Sous l’impulsion du prince héritier Mohammed ben Salmane, le royaume ultraconservateur a multiplié l’organisation de grands événements sportifs ou de divertissement, dans un pays à l’image très austère. Ces réformes suscitent le mécontentement des partisans de la ligne dure religieuse. En novembre 2019, une attaque au couteau avait fait quatre blessés parmi les membres d’une troupe de théâtre espagnole à Riyad. L’auteur a été exécuté en avril 2020.
Si le pays s’est ouvert au divertissement, le pouvoir de Mohammed ben Salmane s’est accompagné d’un resserrement politique implacable, alors que les ONG dénoncent régulièrement les violations des droits humains en Arabie saoudite.