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Sahil Jeemon: Le 16/11/2025 à 19:43 | MAJ à 16/11/2025 à 19:48
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Publié : Le 16/11/2025 à 19:43 | MAJ à 16/11/2025 à 19:48
Par : La Redaction
La scène politique mauricienne, pourtant habituée aux rebondissements, n’avait pas anticipé une rupture d’une telle ampleur. Les Mauriciens s’attendaient peut-être à des tensions au sein de l’Alliance du Changement après une année de cohabitation, mais certainement pas à un éclatement au cœur même du MMM, parti dont la discipline interne a souvent été présentée comme un modèle. Cette fois, la tempête annoncée menace d’ébranler l’édifice militant jusque dans ses fondations, celles-là mêmes portées par des sympathisants ayant “ser zot lerein marse” depuis des décennies. Trop longtemps peut-être.
 
Les “Soldats Lalit” sortent à peine d’une traversée du désert qui aura duré 19 ans. Dix-neuf années de fidélité à “Kamarad Paul”, malgré “komie siklonn kinn vini”. Et voilà qu’à l’heure où certains espéraient enfin goûter aux fruits d’un retour au pouvoir, l’idée de reprendre le chemin koltar est dénoncée comme un “scandale du siècle”, avec en toile de fond des accusations aux accents de “mari deal, papa-tifi !”
 
Dans ce climat chargé d’émotions, l’image du Dr Rashid Beebeejaun, la voix tremblante en 1997, revient en mémoire. La loyauté, personne n’en doute. Mais il existe aussi une forme de loyauté envers ceux qu’on appelle les “Militan Koltar”, qui attendent justice, reconnaissance et respect des engagements pris au fil des 19 dernières années.
 
Comment expliquer, en effet, à ce “petit militant” sincère que les promesses pourraient n’avoir été qu’illusions ? Comment justifier qu’au bout d’une année au pouvoir, l’urgence soit désormais de plier bagage, soit à cause du commissaire, ou parce que “papa, tifi ek tifi so bann zami pa happy” ? Beaucoup au sein du parti répètent que la route a été longue, que les troupes sont fatiguées, mais que l’essentiel reste de “kontinie lalit” depuis les postes de décision au gouvernement. Le mandat reçu du peuple, disent-ils, visait à transformer un destin collectif et non celui d’une seule personne, fût-elle influente.
Dans l’opinion publique, le départ du Deputy Prime Minister et leader du MMM, Paul Bérenger, est d’ores et déjà considéré comme acquis. Les déclarations du principal concerné, laissant entendre qu’il ne démissionnera pas avant le Comité central prévu lundi 17 novembre à 17 heures, n’atténuent en rien le sentiment que l’issue est presque scellée. Lui-même admet qu’il sera “très difficile” de le convaincre de rester.
 
Le Comité central s’annonce explosif. D’un côté, la jeune garde de la ‘Jeunesse Militante’ gravitant autour de Joanna Bérenger; de l’autre, les figures historiques du parti. Le choc des générations pourrait prendre des allures de règlement de comptes politique. Il n’est pas exclu qu’une surprise “grosse comme un bulldozer” redessine les lignes internes du MMM et ouvre un nouveau chapitre d’un combat qui, pour beaucoup, a déjà trop duré.
 
Il y a un an à peine, l’Alliance du Changement prenait le pouvoir sur un véritable tsunami de promesses. Le peuple confiait alors les clés de l’Hôtel du Gouvernement à Navin Ramgoolam, Paul Bérenger, Ashok Subron et Richard Duval grâce à un 60-0 historique. Le programme affichait une volonté de rupture avec les pratiques partisanes, une réforme constitutionnelle et électorale, un changement de culture politique, et la consolidation de la démocratie et des libertés citoyennes.
 
Douze mois plus tard, la solidarité militante semble épuisée. Le MMM se retrouve à la croisée des chemins, entre fidélité à son histoire et pressions d’une modernité politique où l’impatience est reine. Le bulldozer annoncé n’est peut-être que le début d’une recomposition plus profonde.