Peter Harris enseigne la sécurité internationale, la politique étrangère des États-Unis et la théorie des relations internationales à la Colorado State Univerity. Pour le professeur américain, les craintes de voir la Chine installer une base militaire dans l’archipel ne sont pas fondées. Elles ne devraient pas, selon lui, servir de prétexte à la Grande-Bretagne pour conserver le contrôle des Chagos.
Peter Harris rappelle qu’aujourd’hui, la Grande-Bretagne et l’île Maurice sont en pourparlers sur le sort des îles. Selon lui, cette décision aurait dû être simple. D’autant que la cause de la souveraineté mauricienne a été inscrite dans la jurisprudence internationale.
Mais une question, selon lui, menace de faire dérailler les négociations et d’ébranler les arguments en faveur de la décolonisation. Il s’agit des allégations selon lesquelles la Chine est prête à construire une base militaire dans l’archipel des Chagos une fois que les îles auront été rendues à Maurice.
Peter Harris explique qu’il y a deux versions de cet argument. La première est que Maurice va éjecter les États-Unis de Diego Garcia et inviter la Chine à prendre sa place. Selon la seconde, la Chine pourrait militariser l’une des autres îles du groupe Chagos. Il accuse Daniel Kawczynski, membre du Parti conservateur au Parlement britannique, d’être derrière cette campagne de désinformation.
Mais pour le professeur américain, cela ne tient pas la route. Pour plusieurs raisons ! D’abord, il affirme que Daniel Kawczynski n’a apporté aucune preuve de ce qu’il avance jusqu’ici. Ensuite, il rappelle que le gouvernement mauricien a offert aux États-Unis un bail de 99 ans sur Diego Garcia. Enfin, il soutient qu’aucune autre île de l’archipel des Chagos ne convient pour accueillir des installations militaires. C’est, précise-t-il, la raison pour laquelle aucune d’elles n’a été militarisée par la Grande-Bretagne ou les États-Unis.
Peter Harris rappelle qu’il y a certes des rapports faisant état de la construction d’une base militaire indienne sur Agalega. Mais cela, précise-t-il, ne fait que souligner le lien entre Maurice et l’Inde, un autre partenaire de sécurité des États-Unis et un membre du groupe anti-Chine.
Pour lui, Maurice peut conclure un accord de libre-échange avec la Chine tout en restant aligné sur les États-Unis en matière de sécurité. Il précise que l’Australie, l’Islande, la Nouvelle-Zélande et Singapour, qui sont tous des partenaires proches de Washington, ont conclu des accords commerciaux avec Pékin.