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Keshinee: Le 25/08/2025 à 08:07 | MAJ à 25/08/2025 à 08:11
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Rama Sithanen & Paul Bérenger
Publié : Le 25/08/2025 à 08:07 | MAJ à 25/08/2025 à 08:11
Par : La Redaction

Le débat sur la gouvernance financière à Maurice franchit un cap décisif. Samedi, lors d’une réunion dans la circonscription no 11, le Vice-Premier ministre Paul Bérenger a vivement critiqué le Gouverneur de la Banque de Maurice, Rama Sithanen, également président de la Financial Services Commission (FSC). Selon lui, cumuler ces deux fonctions constitue une anomalie institutionnelle qui fragilise la crédibilité du pays à l’international.

« Le Gouverneur ne peut pas continuer à être président de la FSC. Le temps est passé. Cela n’a plus sa place aujourd’hui », a affirmé Paul Bérenger, plaidant pour une séparation claire des rôles afin de renforcer la transparence et la confiance dans le système financier mauricien.

 

Une séparation prévue dès la création de la FSC

La Financial Services Commission (FSC), créée en 2001, avait un objectif précis : séparer la régulation bancaire de celle des services financiers non bancaires, conformément aux standards internationaux. Si un rattachement temporaire à la Banque de Maurice pouvait se justifier à l’époque, ce cumul n’a aujourd’hui plus aucune raison d’être. La FSC dispose désormais de son propre conseil d’administration, d’un CEO et d’une équipe opérationnelle complète. Maintenir ce lien revient à vider de son sens la réforme initiale.

 

Un conflit d’intérêts structurel

Le problème va au-delà de la simple symbolique. Rama Sithanen, qui cumule actuellement les fonctions de Gouverneur et de président de la FSC, a lui-même été CEO dans le secteur du Global Business, précisément régulé par cette même commission. Par ailleurs, certains conglomérats locaux contrôlent à la fois des banques, sous l’égide de la Banque de Maurice, et des entités non-bancaires, sous la FSC. Comment garantir l’impartialité lorsque la même personne supervise les deux institutions ? Le risque est évident : l’absence de garde-fous face à d’éventuelles crises systémiques.

 

Une gouvernance fragilisée

Le cumul des fonctions a profondément affecté la collaboration entre les institutions financières. Il nous revient que des tensions ouvertes entre le Gouverneur de la Banque de Maurice et la ministre des Services financiers entravent la prise de décision et instaurent un climat de méfiance au sommet. Cette situation est aggravée par les tensions internes déjà existantes au sein de la Banque centrale depuis plusieurs semaines.

Lors de la régionale du MMM samedi, Paul Bérenger a fustigé la double casquette de Rama Sithanen : « Li pa bon ki Sithanen pe okip BOM ek FSC an mem tan. Mo pa dakor ditou ar seki li pe fer avek MIC ». Il a dénoncé ce qu’il considère comme un manquement grave à l’éthique et à la neutralité des institutions financières. « Li pa normal ki No. 1 ek No. 2 BOM pe pas zot letan laguerre », a souligné le leader du MMM.

 

Un message désastreux à l’international

Dans les grandes places financières – Londres, Singapour ou Johannesburg – un tel cumul est tout simplement inacceptable. Le FMI, le GAFI et la Banque des Règlements Internationaux imposent des règles strictes : séparer les fonctions, protéger l’indépendance et prévenir les conflits d’intérêts. En maintenant cette situation, Maurice envoie un signal inquiétant à ses partenaires internationaux et s’expose à des sanctions lors des prochaines évaluations.

 

La sortie honorable

Le cumul des fonctions est devenu intenable. Pour Paul Bérenger, Rama Sithanen doit céder la présidence de la FSC afin de restaurer la confiance, assurer l’indépendance des institutions et protéger la réputation de Maurice sur la scène internationale.

Cette semaine s’annonce très mouvementée sur ce sujet avec le retour au pays du Premier ministre, le Dr Navin Ramgoolam après son déplacement au Japon.