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Narain Jasodanand: Le 14/04/2025 à 08:50 | MAJ à 14/04/2025 à 08:54
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Publié : Le 14/04/2025 à 08:50 | MAJ à 14/04/2025 à 08:54
Par : Narain Jasodanand

Les révélations continuent, même si Raouf Gulbul s’inquiète étrangement pour notre réputation. On apprend désormais comment Padayachy se moquait de notre marché des devises et distribuait des insultes.
« Minis done bribe sa ? » lance Roshi Bhadain au sortir des bureaux de la FCC le 11 avril, une question qui mérite explication.

En effet, il suggérait que Renganaden Padayachy avait proposé de partager sa part dans le deal MIC/Apavou avec Harvesh Seegoolam. Si l’ex-ministre des Finances avait sollicité et obtenu, auprès d’Armand Apavou, les fameuses Rs 300 m ou une partie de cette somme, il souhaitait, ni plus ni moins, corrompre l’ex-gouverneur de la Banque de Maurice (BOM) en lui proposant Rs 5 m – proposition que ce dernier aurait refusée.


Ce « deal dans le deal » serait apparu à l’issue d’échanges houleux entre Renganaden Padayachy et Harvesh Seegoolam, concernant un aspect de l’affaire Apavou qui n’avait pas retenu notre attention jusqu’ici, bien qu’il soit d’une importance capitale.


Top FM s’interrogeait d’ailleurs sur la raison de payer Armand Apavou en euros alors qu’il possède la nationalité mauricienne et que la majeure partie de ses dettes est en roupies. Il semblerait même que Jitendra Bissessur n’ait pas été favorable au paiement en euros. Mais c’est Harvesh Seegoolam, dans son rôle de gouverneur de la Banque de Maurice (BOM), qui aurait exprimé son désaccord. Il aurait expliqué à Bissessur que trouver et payer 48 m euros, équivalant à Rs 2,4 milliards, serait difficile, surtout dans un contexte de pénurie de devises. Même si la BOM, banquier de la MIC, parvenait à en trouver, cela aurait un effet néfaste sur la disponibilité d’euros sur le marché et contribuerait à déprécier notre roupie, selon ses dires.

La lettre qui provoque la colère du ministre

Lorsque Seegoolam a refusé, Jitendra Bissessur a argué que c’était Renganaden Padayachy, le ministre des Finances, qui y insistait. L’ex-gouverneur de la BOM a alors exigé une lettre de Bissessur ou de Padayachy, ne souhaitant pas être seul responsable de la conversion de Rs 2,4 milliards en devises, d’autant que cela ne paraissait pas justifié. Ne voulant pas signer une telle lettre, Bissessur s’est tourné vers Padayachy, le donneur d’ordre.


Confronté à cette demande, l’ex-ministre des Finances est entré dans une colère noire. Comment Harvesh Seegoolam pouvait-il exiger une lettre du ministre, sachant que celui-ci n’aime rien mettre par écrit et préfère donner ses consignes verbalement ou par l’intermédiaire de ses conseillers ?
Il a donc convoqué Seegoolam à son bureau et lui a lancé : « ki sa couyonade la sa ? To rode lettre ar moi astere ? » Lorsque Seegoolam a tenté de se justifier, il s’est vu assailli d’insultes, d’injures et, bien entendu, de menaces, le tout en présence d’un témoin dont le nom sera gardé confidentiel.


Seegoolam a fini par céder et, en quittant le bureau, il a été rattrapé par Padayachy qui a tenté de l’amadouer. Après les insultes, l’ex-gouverneur a été pris par le bras sur le seuil du bureau, et Padayachy a, en montrant ses 5 doigts, laissé entendre qu’il lui remettrait Rs 5 m – proposition à laquelle Seegoolam a rétorqué qu’il n’en voulait pas.


Voilà donc un ministre des Finances qui, au lieu de penser à économiser nos rares devises étrangères pour combattre l’inflation, se montre plutôt libéral lorsqu’il s’agit de plaire à Armand Apavou ou à un autre acteur de l’affaire d’achat par la MIC de 1 596 actions dans EastCoast Hotel.


Ainsi, en plus des forts soupçons de détournement de fonds de la MIC, nous apprenons qu’il y a eu tentative de corruption et gaspillage de devises étrangères. « Avec un ministre des Finances comme ça », soupire notre interlocuteur, « comment s’étonner que nous ayons hérité de gros déficits partout, y compris dans la balance des paiements ! »