On se demandait en 2022 pourquoi le gouvernement voulait vendre une institution qui commençait à être profitable. Maubank avait affiché des bénéfices à partir de 2021 et Rs 801 m en 2024 !  Officiellement, c’était pour combler les déficits de l’Etat.

Cependant, après avoir pris connaissance de l’affaire EastCoast Hotel dans laquelle Verde aurait perçu au moins Rs 122 m comme commission, somme qui serait partie dans des acquisitions de villas et autres terrains à Moka, un ex-haut cadre de Maubank se demande si la vente de cette banque n’était pas motivée par les commissions plutôt que pour sauver le pays.

Cet interlocuteur nous faisait comprendre dès 2022 que l’argument du besoin de combler les déficits ne tenait pas la route puisque le gouvernement d’alors allait sacrifier des rentrées futures d’argent en forme de dividendes que la Maubank allait rapporter en restant comme une institution étatique.

Rs 39 m pour rien

C’est pourquoi notre interlocuteur est convaincu maintenant que c’est la commission de Verde qui était la plus importante pour Renganaden Padayachy, d’autant plus, nous dit-il, que même si Maubank n’a pas trouvé repreneur, Verde a perçu ses frais. On nous parle du montant astronomique de Rs 39 m !

A noter que la date butoir pour soumettre une manifestation d’intérêt pour la reprise de Maubank est passée depuis très longtemps, le 14 octobre 2022. Contacté, l’ex-chairman de Maubank Holdings Prem Beejan n’a pas voulu nous en parler. Selon une source, Verde était payé pour chaque repreneur qu’il introduisait. Et non pour une reprise qui aboutirait.

En fait, nous dit un ex-cadre de Maubank, les repreneurs potentiels présentés par Verde étaient tous sauf potentiels car ils disparaissaient par la suite sans donner de nouvelle.

Ce qui est sûr, c’est que ce contrat plutôt généreux avait été imposé à Maubank Holdings par le ministère des finances de l’époque, qui donnait également les instructions pour décaisser les honoraires en faveur de Verde. Ceux qui se rappellent – car beaucoup ont perdu la mémoire- nous parlent de Rs 17 m payées à Verde en 2023.

(Encadré 1)

Un précédent Unsucessful Transaction Advisor

Maubank Holdings voulait vendre Maubank depuis 2018 et le Transaction Advisor à l’époque était Sattar Hajee Abdoula, Senior Partner chez la bien connue Grant Thornton. Lui, aussi, n’avait trouvé aucun investisseur pour reprendre Maubank. On ne sait pas combien il avait été payé. En tout cas, c’est Verde qui reprendra en 2022 la responsabilité de rechercher un repreneur. Pendant plus de 2 ans.

(Encadré 2)

Surveillance médiatique très coûteuse

Rs 300 000. C’est la somme payée mensuellement par la Banque de Maurice à Verde Frontier Solutions Ltd pour que celle-ci lise les journaux pour elle. Ce n’est pas une blague. C’est un contrat qui aurait été imposé par le ministère des finances. A la banque centrale, on se demande comment on a pu être si généreux envers Verde alors que la pension de certains retraités de la BOM n’est pas payée.

Verde Frontier Solutions Ltd aurait bénéficié de contrats auprès d’autres ministères, notamment le commerce et le transport. Nous y reviendrons.

(Encadré 3)

Quand la State Bank of Mauritius ne voulait pas de Verde

Concernant le même projet de vendre Maubank, un supposé repreneur voulait ouvrir en 2023 un compte à la SBM en y déposant une forte somme. Or, la SBM n’en a pas voulu pour diverses raisons. Parmi, la présence de Verde Frontier Solutions Ltd qui était l’intermédiaire, ne rassurait pas. Dans une affaire de cette importance concernant un projet d’acquisition d’une banque, la SBM était d’avis qu’il serait préférable d’avoir affaire à un des Big Fours.

Toutefois, après avoir refusé ce dépôt, un directeur a eu droit à des insultes et des menaces venant de Renganaden Padayachy. La SBM n’a pas cédé et certains se posent des questions maintenant sur l’origine et la destination de ce dépôt. Car avec recul, ils ont réalisé que le magot n’était pas destiné à l’achat de la Maubank pour la simple et bonne raison que cela n’a pas été fait jusqu’ici. Les enquêteurs de la FCC ont du pain sur la planche.