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Narain Jasodanand: Le 07/04/2025 à 08:00 | MAJ à 06/04/2025 à 15:33
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Publié : Le 07/04/2025 à 08:00 | MAJ à 06/04/2025 à 15:33
Par : Narain Jasodanand

La main invisible derrière le recrutement de Bissessur serait-elle celle de Renganaden Padayachy ? Et derrière les sommes déboursées par la MIC à certaines entreprises ?

Le choix du CEO de la MIC en 2020 est enveloppé d’un épais mystère. Cependant, les langues commencent à se délier…

Lorsque la MIC a été mise sur pied en juin 2020, c'est Jitendra Bissessur qui agissait comme Officer-in-Charge par intérim en attendant le recrutement d'un CEO. Ce n'est qu'en octobre 2020 que la MIC a lancé un appel à candidatures pour ce poste. Les qualifications et expériences demandées étaient les suivantes : « Un diplôme de troisième cycle d'une université reconnue ou une qualification professionnelle équivalente. · Au moins dix années d'expérience avérée dans les domaines bancaire, financier ou d'investissement au sein d'une institution financière nationale ou internationale. »

Plusieurs candidats ayant le profil requis ont postulé et ont été soumis à un rigoureux entretien de près de deux heures par le premier et la seconde Deputy Governors de l'époque de la Banque de Maurice, Mardayah Kona Yerukonundu et Hemlata Sadhna Sewraj-Gopal.

Parmi les candidats figurait Ashish Shibloll, qui s’est distingué déjà avec un CV impressionnant. Il détient un BSc en Finance, un MBS en Finance Internationale et un LLM avec spécialisation en Droit des Affaires Internationales de l'Université de Lancashire en Grande-Bretagne. Plus important encore, il possède une grande expérience en tant que banquier. Le conseil d'administration arrive à la conclusion qu'il est la personne idéale pour le poste de CEO, car il est à la fois financier et juriste.

La main invisible

Cependant, quelques jours avant que la MIC n'informe Ashish Shibloll de sa sélection, un appel est reçu d'un ministre du gouvernement de l'époque. La procédure de recrutement est stoppée sur-le-champ, et la lettre adressée à Shibloll est bloquée. La main invisible a frappé ! L'appel à candidatures et les nombreux entretiens n'auront servi à rien.

Selon une source à la MIC, c'est Jitendra Bissessur lui-même qui aurait appelé l'ex-ministre pour qu'il intervienne. Et c'est Bissessur qui héritera finalement du poste de CEO. A-t-il postulé ? A-t-il passé l'entretien ? Satisfaisait-il aux critères imposés concernant l'expérience requise ? À cette dernière question, il semble que Jitendra Bissessur ne fût pas le candidat idéal, puisqu'il n'a aucune expérience en financement d'entreprises et n'a travaillé qu'à la Banque de Maurice comme statisticien. Quant à ses qualifications, il possède une MSc en économie, mais rien en finance ou en banque.

Skilled in skills

Sur LinkedIn, Bissessur affirme être un « Experienced Director with a demonstrated history of working in central banking and monetary policy. Skilled in Analytical Skills, (sic) Economic Research, Banking, Econometrics, and Asset Management. Strong business development professional with a Master of Science (MSc) focused in Economics from University of Mauritius. »

Selon un haut cadre de la MIC, avec un tel CV, Jitendra Bissessur ne pouvait pas maîtriser les dossiers de demandes de financement. Cependant, ajoute notre interlocuteur, il est probable que ce fût justement pour cette raison qu'il aurait été choisi. Ou alors à cause de sa proximité avec cet ex-ministre. Tout en appelant la FCC à enquêter sur ce recrutement.

À la MIC, on se demande maintenant si ce n'est pas la nomination de Bissessur qui est la cause profonde des maux dont souffre l'institution et des malheurs qui frappent ses dirigeants.

Plusieurs mettent en cause Renganaden Padayachy qui serait celui qui tirait les ficelles de la MIC lors du traitement de presque tous les dossiers de demande d'aide. On nous explique que l'abdication de Bissessur devant ses responsabilités en faveur de Padayachy aurait été rendue possible grâce à la relation entre recruteur et recruté.

Plus sérieusement, des hauts cadres de la MIC s'interrogent sur les motivations derrière le contrôle politique et personnel sur les milliards de la MIC : des commissions ont-elles été sollicitées et obtenues auprès de certaines entreprises surtout celles qui ne méritaient pas de recevoir l'aide ou le montant demandé de la MIC ?  Les acquisitions de terrains et autres projets douteux dans lesquels la MIC a investi des milliards sont évoqués.

La clé derrière les maldonnes au sein du MIC serait-elle le recrutement de Bissessur ? Une question qui devrait intéresser les enquêteurs de la FCC.

L'affaire MIC ne fait que commencer !