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Shane: Le 29/10/2025 à 09:58 | MAJ à 29/10/2025 à 10:09
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Publié : Le 29/10/2025 à 09:58 | MAJ à 29/10/2025 à 10:09
Par : Manisha Jooty

Derrière l’élégance feutrée du terminal Jet Prime — anciennement Yu Lounge — se cache l’une des plus grandes success stories du partenariat public-privé mauricien.

Né d’une vision audacieuse portée par Ground Handling and Aviation Management Ltd (GAM) et soutenu par Airports of Mauritius Ltd (AML), le projet a redéfini dès sa création les standards du luxe aéroportuaire régional.

Mais en 2025, ce modèle, longtemps cité en exemple, est désormais critiqué, pris entre exigences de transparence et soupçons de privilèges contractuels laissés par l’ancien régime.

Inauguré en 2011, Yu Lounge Mauritius a été conçu comme une porte d’entrée d’exception pour les voyageurs d’élite. Aujourd’hui, les opérations de Jet Prime seront revues après la controverse liée à l’atterrissage du jet privé malgache à Maurice.

Dès le tarmac, l’expérience était unique : véhicules haut de gamme, formalités express, hospitalité raffinée dans un décor contemporain signé par des créateurs mauriciens. Sous la direction de GAM, le lounge a bâti sa réputation sur une rigueur managériale exemplaire : digitalisation, formation continue et un conseil d’administration encadré par un “contrat béton”.

Ce contrat, salué à l’époque, garantissait gouvernance, performance et transparence, assurant la stabilité d’un modèle pionnier. Grâce à cette discipline, Yu Lounge a conquis une clientèle prestigieuse — chefs d’État, artistes, investisseurs — et a imposé Maurice comme hub incontournable de l’aviation privée dans l’océan Indien.

En 2017, Airport Terminal Operations Ltd (ATOL) reprend la gestion et rebaptise Yu Lounge en Jet Prime. Cette transition s’accompagne d’un repositionnement stratégique : Jet Prime devient le visage officiel du prestige mauricien, symbole d’innovation et d’excellence.

Quatorze ans après son inauguration, le récit s’est complexifié. Le modèle autrefois salué fait désormais l’objet d’enquêtes. Les critiques portent sur les contrats “béton” jugés trop avantageux, le manque de transparence dans la répartition des revenus et les modalités du partenariat avec AML.

Un rapport d’audit interne récent examine la conformité de certaines décisions du comité de direction, notamment les renouvellements de mandats et la gestion des ressources. Les membres du conseil d’administration, longtemps discrets, sont aujourd’hui au centre des discussions.

Le cas Jet Prime illustre la tension entre prestige économique et transparence publique. Pour certains, il s’agit d’un modèle à protéger — vitrine du savoir-faire mauricien. Entre succès historique et pression politique, Jet Prime reste un miroir du pays : ambitieux, exigeant et désormais scruté de près.