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Fab: Le 14/05/2025 à 12:24 | MAJ à 14/05/2025 à 12:26
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Publié : Le 14/05/2025 à 12:24 | MAJ à 14/05/2025 à 12:26
Par : Fab

À l’Assemblée nationale, le ministre de l’Agro-industrie, Dr Arvin Boolell, a dressé un constat alarmant sur l’état critique de la Rose-Belle Sugar Estate (RBSE). Créée en 1973 à la suite de l’acquisition des terres de Garthwaite & Ors pour Rs 18 millions, cette entité publique, historiquement active dans les secteurs du sucre, de l’élevage, des cultures vivrières et de l’énergie, est aujourd’hui au bord de la faillite. Selon le ministre Boolell, RBSE affiche des pertes annuelles dépassant les Rs 70 millions et une dette accumulée estimée à Rs 1,2 milliard. Les indicateurs financiers sont dans le rouge, avec des flux de trésorerie négatifs, des dépenses incontrôlées et une structure de revenus en chute libre.

En 2014, plus de 4 500 arpents étaient encore cultivés, contre à peine 1 200 arpents en 2024. Les autres activités telles que l’élevage et les cultures vivrières ont purement disparu. Malgré la réduction drastique des opérations, les dépenses ont explosé, passant de Rs 44 millions en 2014 à plus de Rs 180 millions en 2024 — principalement à cause de la masse salariale, qui représente aujourd’hui plus de 80 % du chiffre d’affaires.

Le Dr Boolell a égrené une longue liste de dysfonctionnements graves : achats excessifs d’intrants agricoles pour des superficies fictives, absence de comptes financiers conformes aux normes IFRS depuis 2018, transactions illégales, ventes d’actifs sans évaluation ni appel d’offres, et concessions foncières bradées à des taux largement inférieurs au marché. Des terres ont été vendues à Rs 13 000 la toise, alors que leur valeur cadastrale se situe entre Rs 25 000 et Rs 30 000, représentant une perte sèche estimée à plus de 70 % des revenus potentiels.
Des membres de l’ancien conseil d’administration, ainsi que des tiers liés, auraient profité de réservations foncières et de transactions douteuses. Certains locataires commerciaux, comme ‘Vieux Moulin’ et ‘Plaisance Mall’, accumulent des arriérés dépassant Rs 15 millions, sans qu’aucune action légale n’ait été entreprise.

Par ailleurs, des ventes controversées à la Gibraltar Group, notamment celle du siège social de RBSE, ont réduit la société à un rôle marginal dans ses propres projets fonciers. RBSE est désormais minoritaire dans plusieurs de ses actifs stratégiques, sans véritable contrôle.
En 2024, les actifs actuels de RBSE s’élèvent à Rs 169 millions, alors que ses passifs atteignent Rs 550 millions. L’entreprise a eu recours à des découverts bancaires culminant à Rs 1,2 milliard en 2022 pour couvrir ses charges courantes.

Des créances anciennes de Rs 75 millions, contre des dettes fournisseurs de Rs 15 millions, témoignent d’un déséquilibre structurel flagrant. Un cas emblématique de mauvaise gouvernance concerne le projet de morcellement « RB 60 Arpents », dont les coûts de développement ont été gonflés à Rs 350 millions pour des revenus attendus de Rs 600 millions. Ce ratio de 50 % dépasse de loin les normes du secteur, et les procédures d’appel d’offres sont jugées opaques.

Face à cette débâcle, le ministre Arvin Boolell a annoncé qu’un forensic audit serait lancé et que les conclusions seraient transmises à la Financial Crimes Commission (FCC). Il a également dénoncé l’inertie de l’ancien conseil d’administration, qui n’a pas produit de comptes pendant au moins sept ans, illustrant une absence de transparence et une rupture de confiance envers les autorités et les citoyens.

Malgré l’ampleur des dégâts, le ministre a indiqué que le potentiel foncier de RBSE reste stratégique. Son ministère entend intégrer les terres de RBSE dans un nouveau plan de redressement 2025-2029 axé sur la replantation de la canne à sucre, la production énergétique et la culture de produits vivriers, en réponse aux défis croissants de la sécurité alimentaire.