Au moins une villa au Bahreïn aurait été offerte à un décideur dans cette affaire. La FCC interroge des hauts-cadres de la STC. Avant de remonter aux décideurs. 
La FCC a commencé sur les chapeaux de roues l’enquête sur l’achat en 2023 de produits pétroliers du courtier bahreïnien Mercantile & Maritime Group (MMG). Un haut cadre de la STC a été entendu le 21 avril par les limiers de la commission. 
Bien qu’interrogé à titre de témoin, le haut-cadre est soupçonné maintenant d’avoir été partie prenante de cet achat illégal. Accompagné de son supérieur d’alors, il se serait rendu à Dubaï en 2023 pour supposément surveiller l’embarquement de la première cargaison expédiée par MMG à Port-Louis. Cela, alors qu’ils n’ont aucune connaissance technique pour ce faire. 
Le déplacement en 2023 avait indigné les employés de la STC qui se demandaient pourquoi la STC a dépensé plusieurs dizaines de milliers de roupies pour financer ces voyages inutiles. Mais utile à certains. Car le contrat avec MMG est un des plus gros - Rs 30 milliards ! – jamais signés et, qui plus est, n’est pas passé par un appel d’offres. 
Villa et montres Patek
C’est pour cela que les cadeaux ou plutôt pots-de-vin offerts dans ce deal ont été tout aussi gigantesques. Ainsi, nous apprenons qu’au moins une villa a été donnée à un décideur politique de l’époque, connu comme le collectionneur de villas. La villa se trouve au Bahreïn, pas aux Bahamas, comme on le croyait. 
Des montres de la marque Philippe Patek ont aussi été distribuées aux seconds couteaux, montres qui ont déjà été étrennées d’ailleurs, mais récemment rangées dans leur écrin (et valise ?), cela pour ne pas attirer l’attention. 
Ces cadeaux et d’autres encore ont été faits à tous ceux qui ont tant œuvré pour que le deal aboutisse et pour le défendre avec des mensonges en public. Cela, avant que les relations ne se détériorent entre l’ex-gouvernement et MMG en raison de la non mise à disponibilité de devises étrangères à MMG. 
Lorsque MMG avait refusé de livrer une cargaison de carburants le 9 août 2024, ce n’est pas l’intervention personnelle de Pravind Jugnauth qui avait désamorcé la situation mais bien des menaces de révéler les dessous de table dans ce deal. La preuve, MMG a pu à la fin convertir et avec un très bon taux de change ses roupies dont elle n’avait que faire en dollars qu’elle a pu transférer à l’étranger.
Pour rappel, un ex-ministre était intervenu avec force auprès de plusieurs banquiers pour non seulement offrir nos rares dollars à MMG mais aussi à des taux convenables. La FCC serait bien avisée d’interroger ces banquiers qui avaient subi la colère de l’ex-ministre. 
Le précieux retraité
Toujours au chapitre de récompense, une polémique avait éclaté à la STC en 2023 lorsqu’un des deux cadres-voyageurs avait été réembauché après son départ à la retraite. Normalement, après un départ, la direction aurait dû déclarer le poste vacant et procéder à un appel à candidature. Ce n’est qu’au cas où aucun candidat n’a le profil requis que la STC devrait se tourner vers le retraité et lui offrir de rempiler. 
Or, ni appel à candidature n’a été lancé ni même le départ du haut-cadre en question annoncé. Son retour a eu lieu en secret et en toute opacité. Ceux qui avaient dénoncé ce manège à l’époque réalisent maintenant que c’était pour que le haut-cadre puisse suivre le dossier MMG jusqu’au bout, d’autant plus qu’il occupait un poste stratégique. Il vient même de monter en grade !
Les employés de la STC qui se demandaient pourquoi ce sont les sous-fifres qui sont convoqués par la FCC et non les responsables sauront maintenant que c’est pour mieux ferrer les gros requins.