Le conclave a tranché : ce 8 mai 2025, le cardinal américain Robert Francis Prevost a été élu 267e pape de l’histoire, prenant le nom de Léon XIV. À 69 ans, il succède au pape François, décédé le 21 avril dernier. Portrait d’un homme discret au parcours exceptionnellement tourné vers la mission et les périphéries.
Derrière une modestie presque effacée se cache une personnalité profondément marquée par l’audace missionnaire. Élu pape à Rome, Robert Francis Prevost n’est pas un inconnu pour les milieux ecclésiaux engagés sur le terrain. D’origine franco-italo-espagnole, né à Chicago en 1955, ce religieux de l’Ordre de Saint-Augustin s’est formé entre les bancs de l’université de Villanova à Philadelphie et ceux de l’Angelicum à Rome, où il obtiendra un doctorat en droit canonique. Mais c’est au Pérou qu’il a véritablement enraciné sa vocation.
Arrivé en Amérique latine en 1985, il devient rapidement une figure respectée dans les diocèses du nord du pays, notamment à Trujillo, puis à Chiclayo. Il y fonde une paroisse, dirige un séminaire, et assume tour à tour les rôles de juge ecclésiastique, formateur, prieur et recteur. Près de dix années marquées par une proximité avec les populations locales, dans des zones souvent oubliées du monde ecclésiastique international.
Son profil détonne dans l’épiscopat latino-américain, peu habitué à la présence de prélats nord-américains. Pourtant, c’est bien en raison de cette expérience enracinée dans les périphéries que le pape François le choisit en 2023 pour diriger le dicastère des évêques — une fonction stratégique au sein de la Curie, consistant à façonner la future génération de pasteurs. Il sera créé cardinal dans la foulée.
Son passé de prieur général de l’Ordre de Saint-Augustin de 2001 à 2013, à la tête d’une communauté religieuse fondée au XIIIe siècle, atteste de son aptitude au gouvernement et à la réforme. Homme de synthèse entre tradition augustinienne et modernité pastorale, Léon XIV s’est aussi illustré comme artisan de paix durant les instabilités politiques au Pérou. Vice-président de la Conférence épiscopale, il joue un rôle-clé dans la recherche de stabilité lors des successions précipitées de chefs d’État entre 2018 et 2022.
À la tête du diocèse de Chiclayo, fort de ses 1,3 million d’habitants et 50 paroisses, il a su conjuguer proximité avec les fidèles et autorité pastorale. Même lorsqu’il est appelé à assurer en parallèle l’intérim à Callao, le grand port du Pacifique, il répond présent, multipliant les initiatives dans les domaines de l’éducation et de la culture.