
Pourquoi les territoires français d’outre-mer souffrent-ils plus de l’inflation que la France métropolitaine ? L’hebdo ‘Le Canard Enchainé’ a essayé de comprendre ce phénomène.
En Guadeloupe et à la Martinique, les prix sont 15% plus élevés qu’en France. Pourtant, le niveau du revenu moyen des Guadeloupéens et des Martiniquais est 20% plus bas que ceux des métropolitains. Cependant, 75% des denrées consommées dans ces iles sont importées surtout de la France. Mais vu que ces iles payent en euros et utilisent aussi l’euro, elles ne subissent pas la dépréciation de leur monnaie qui affecte d’autres pays comme Maurice qui importe plus qu’il n’exporte. D’où vient le problème alors ?
Selon Johnny Hajjar, un élu martiniquais, les prix des produits en général sont en fait dictés par une douzaine de grandes familles qui contrôlent le commerce dans ces iles. Il y a aussi le nombre élevé d’intermédiaires – 14 en Martinique contre 4 en France- entre le producteur et le consommateur. Pour lui, l’insularité, l’éloignement et la petitesse du marché de la Martinique ne sont que des facteurs secondaires, bien qu’affecté par le coût du fret qui a d’ailleurs augmenté par plus de 4,3 fois en 6 ans.
« Inutile de dire qu’avec des marges pareilles » écrit le journaliste du Canard Hervé Martin « les importateurs-distributeurs n’ont aucune envie de produire localement. » Et Guillaume Vuilletet, président de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur le coût de la vie dans les territoires d’outre-mer en novembre 2023, d’expliquer à propos de la viande importée par ces iles : « Ça rapporte plus de faire venir par bateau des carcasses de viande congelée que de la produire sur place en élevant des bovins. »
« Rien d’étonnant, donc, à ce que les Antilles continuent d’importer massivement de l’Hexagone les produits dont elles ont besoin, au profit des grandes familles d’importateurs » conclut Hervé Martin.
Le gouvernement français avait le 12 novembre 2024 signé un protocole d’objectifs et de moyens avec les groupes de distribution antillais et qui prévoyait une exonération de TVA et de l’impôt local sur les importations pour ces denrées. Le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes et de l’océan Indien qui était à l’origine des manifestations contre la vie chère fin 2024 a rejeté ce protocole et a exigé que le gouvernement « s’intéresse plutôt aux marges des distributeurs. »
Avis à notre ministre du commerce Michael Sik Yuen.