Le prestigieux Prix Femina 2025 a été attribué ce lundi à l’écrivaine mauricienne Nathacha Appanah pour son roman La nuit au cœur, publié aux éditions Gallimard. Inspiré de faits réels, ce douzième ouvrage de l’autrice explore avec une intensité rare les mécanismes de l’emprise et les tragédies liées aux violences conjugales.
Le jury exclusivement féminin du Prix Femina a départagé les finalistes lors d’un second tour de vote. Nathacha Appanah s’est imposée face à Laurent Mauvignier (La Maison vide, Minuit), Jakuta Alikavazovic (Au grand jamais, Gallimard), Lionel Duroy (Un mal irréparable, Mialet-Barrault) et Joseph Incardona (Le monde est fatigué, Finitude).
Dans La nuit au cœur, Appanah tresse trois destins de femmes marqués par la brutalité de leurs conjoints : celui de Chahinez Daoud, assassinée par son mari à Mérignac en 2021 ; celui d’Emma, sa cousine, tuée à l’île Maurice en 2000 ; et enfin le sien, survivante d’une relation destructrice avec un homme de trente ans son aîné. Par ce récit entre intime et collectif, l’écrivaine cherche à comprendre la noirceur de la violence et à mettre en lumière la lente mécanique de l’emprise.
« C’est mon douzième livre et mon premier grand prix », a confié Nathacha Appanah à l’AFP, se disant « tellement heureuse d’avoir un prix d’automne ». L’autrice, née en 1973 à Mahébourg, souligne avoir mis plusieurs années à écrire ce roman « de compréhension, de douleur et de résistance ».
Créé en 1904, le Prix Femina est l’un des prix littéraires majeurs de l’automne, souvent perçu comme une alternative au Prix Goncourt, décerné par un jury exclusivement masculin à ses débuts. Cette année, Appanah figure également parmi les finalistes du Goncourt, dont le lauréat sera annoncé mardi, aux côtés d’Emmanuel Carrère (Kolkhoze, P.O.L) et de Laurent Mauvignier.
Avec La nuit au cœur, Nathacha Appanah signe une œuvre puissante et nécessaire, qui mêle mémoire, témoignage et engagement. Par sa plume sensible et incisive, elle donne voix aux femmes trop souvent réduites au silence et rappelle que la littérature peut aussi être un acte de justice et de lumière.