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Fab: Le 03/10/2025 à 19:43 | MAJ à 03/10/2025 à 19:44
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Publié : Le 03/10/2025 à 19:43 | MAJ à 03/10/2025 à 19:44
Par : Neevesh Narainen

Le rapport de la Commission des droits humains sur les graves incidents survenus le 17 juillet 2025 à la prison de haute sécurité de Melrose est sans appel : la réponse des autorités a été disproportionnée, violente et révélatrice de failles profondes dans le système carcéral.

Ce rapport de 14 pages, rédigé sous la férule de Satyajit Boolell, Senior Counsel, a été rendu public ce vendredi. Le document pointe du doigt l’usage disproportionné de la force, les humiliations infligées aux détenus, ainsi qu'un système miné par la corruption et l’absence de protocoles clairs.

Tout est parti d’un simple incident d’indiscipline – un détenu refusant de rejoindre l’unité de protection. Mais au lieu de traiter le cas isolément, la direction a déclenché une fouille générale, transformant l’épisode en confrontation collective. Les images de vidéosurveillance montrent que, loin d’un soulèvement massif, une vingtaine de prisonniers seulement avaient tenté d’interférer. Pourtant, l’opération s’est vite militarisée : intervention du Computer Emergency Response Team (CERT), du Groupement d’Intervention de la Police Mauricienne (GIPM) et de la Special Mobile Force (SMF), usage de matraques, coups portés à des détenus allongés au sol, et même des fouilles à nu collectives dans certaines unités.

La Commission parle d’« usage injustifié et excessif de la force », en violation flagrante des règles de proportionnalité. Le rapport met aussi en lumière des pratiques humiliantes : détenus forcés de se déshabiller en public, frappés avec des tonfas alors qu’ils étaient déjà maîtrisés, ou encore ciblés pour d’anciennes rancunes avec des officiers. À cela s’ajoutent des témoignages de corruption endémique : cigarettes jetées depuis les tours, téléphones et drogues introduits grâce à la complicité d’agents, créant un véritable marché parallèle où un smartphone se négocierait jusqu’à Rs 150 000.

La Commission souligne l’absence de protocoles clairs, le désengagement des hauts responsables et une culture du réflexe répressif plutôt que de la désescalade. Elle appelle à un changement en profondeur : meilleure formation des gardiens, recours à des techniques de médiation, revalorisation du métier et lutte ferme contre la corruption.

À Melrose, la journée du 17 juillet aura révélé ce que le rapport appelle une « bombe à retardement carcérale ». Une alerte qui, si elle reste sans réponse, risque d’annoncer de nouveaux dérapages encore plus graves.