
Le naufrage du M/V Wakashio le 25 juillet 2020 sur les récifs de Pointe d’Esny reste l’une des pires catastrophes environnementales de Maurice. Après plus de cinq ans, la Cour d’Investigation, présidée par l’ancien juge AbdurrafeekHamuth et assistée d’experts maritimes, a publié son rapport officiel, mettant en lumière l’ampleur des dommages et formulant des recommandations pour prévenir de futurs désastres.
Selon l’expert en environnement qui avait déposé, Vassen Kauppaymuthoo, les impacts vont bien au-delà de la simple pollution par le pétrole. Le navire a provoqué une abrasion mécanique du récif corallien, générant un nuage de poudre de corail qui a stressé et asphyxié de nombreux organismes marins, dont les coraux, les mollusques et les poissons.
L’ampleur de la zone affectée s’étend sur près de 96 km², et les dommages environnementaux sont estimés à Rs 2,5 milliards incluant des zones écologiquement sensibles comme le parc marin de Blue Bay et des mangroves protégées par la convention Ramsar. L’huile déversée contenait des hydrocarbures aromatiques polycycliques (PAH) et des métaux lourds, entraînant une bioaccumulation dans la chaîne alimentaire et des risques sanitaires à long terme pour la population, tels que cancers et troubles neurologiques. La réaction tardive des autorités, limitée au seuil de 10 tonnes d’huile pour déclencher le plan national, a aggravé les dégâts.
Dans son rapport, publié après 5 ans d’attente, la Cour d’investigationrecommande : une surveillance rapprochée des zones touchées, avec analyses biologiques et médicales, ainsi que des études scientifiques sur cinq ans de la biodiversité et de la chaîne alimentaire. La Cour insiste sur la compensation des dommages écologiques et sociaux par le propriétaire et les assureurs, l’adoption du Principe de précaution de la Déclaration de Rio par toutes les autorités concernées, une meilleure coordination entre les organes de gestion des crises, et le renforcement du cadre légal pour prévenir de futurs désastres maritimes.
Elle préconise également un cadre juridique renforcé pour coordonner les autorités, scientifiques et ONG, ainsi qu’un plan régional de réponse aux catastrophes maritimes, afin de protéger le pays face aux risques liés à des pétroliers transportant jusqu’à 500 000 tonnes de carburant.