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Jesna Appa: Le 21/10/2025 à 14:49 | MAJ à 21/10/2025 à 14:50
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Publié : Le 21/10/2025 à 14:49 | MAJ à 21/10/2025 à 14:50

Né le 3 avril 1964 à Farnborough, il est sans doute l’un des politiciens les plus controversés et polarisants du Royaume-Uni.

Artisan autoproclamé du Brexit, tribun du ressentiment populaire et provocateur professionnel, il se présente comme le défenseur du peuple contre les élites.

Mais derrière le vernis du patriote se cache un stratège sans scrupule, un illusionniste politique qui a bâti sa carrière sur la peur, la nostalgie et la désinformation.

Qui est celui qui s’oppose à ce projet de loi sur la souveraineté de l’archipel des Chagos ?

Ancien courtier de la City de Londres, Farage quitte le Parti conservateur en 1992, outré par la signature du traité de Maastricht. Ce départ marque sa rupture avec l’establishment et le début d’une croisade personnelle contre l’Union européenne.

En cofondant le UK Independence Party (UKIP), il transforme une idée marginale — quitter l’Union — en un mouvement national. Son style est brut, provocateur, délibérément anti-système.

Sous sa direction, le UKIP devient la première force britannique aux élections européennes de 2014, un choc politique qui prépare le terrain du Brexit.

En 2016, le rêve de Farage se réalise : le camp du Leave l’emporte. Pourtant, cet homme n’a jamais siégé à la Chambre des communes.

C’est depuis les coulisses qu’il a façonné le destin du Royaume-Uni.

Son succès repose sur une recette simple : un discours de peur, une rhétorique nationaliste et la promesse d’un retour à la grandeur impériale.

Mais le Brexit qu’il a vendu — celui d’une nation souveraine, riche et libre — s’est mué en réalité amère : divisions internes, stagnation économique et perte d’influence mondiale. Farage, lui, s’en sort indemne, recyclant son discours pour chaque nouvelle cause.

En 2025, alors que le Parlement britannique examine le Diego Garcia Military Base and British Indian Ocean Territory Bill, Farage trouve un nouveau cheval de bataille : les îles Chagos.

Il s’indigne du projet de transfert de souveraineté vers Maurice, parle de « trahison », de « capitulation face à la Chine » et évoque Huawei, les caméras de surveillance et des « bases chinoises secrètes » dans l’océan Indien.

Mais derrière ces accusations se cache une indignation sélective et profondément hypocrite.

Farage n’a jamais évoqué les droits des Chagossiens — ce peuple expulsé de son territoire par Londres dans les années 1960.

Ce qui l’intéresse, ce n’est pas la justice, mais le spectacle : transformer une question de droit international en nouveau combat du « patriote contre le monde ».

Farage aime brandir le mot « souveraineté », mais il en change le sens selon le public.

Il refuse la souveraineté mauricienne sur les Chagos, mais se prétend défenseur de la souveraineté britannique.

Il dénonce l’influence chinoise, tout en fermant les yeux sur la dépendance économique du Royaume-Uni à Pékin.

Ce double discours, typique du populisme moderne, lui permet de rester dans la lumière sans jamais assumer de responsabilité. Farage n’est pas un homme d’État : c’est un agitateur qui s’invente des batailles pour exister.

Son dernier coup de théâtre sur les Chagos ne trompe personne : c’est une manœuvre de plus pour ranimer le vieux feu du Brexit et raviver le fantasme impérial.

Sous couvert de patriotisme, Nigel Farage continue à vendre le même produit : la peur de l’autre, emballée dans le drapeau britannique.

Et les îles Chagos ne sont pour lui qu’un décor de plus dans le théâtre tragique du populisme britannique.