Air Mauritius, la compagnie d’aviation nationale, semble aujourd’hui se résumer à une vache à lait pour les retraités dorés, avec un virage stratégique vers Gatwick de plus en plus contesté, et des résultats financiers soupçonnés d’avoir été maquillés sous la présidence de l’ancien président du conseil d’administration.
Pendant qu’Air India suspend ses vols vers Gatwick et se recentre sur Heathrow pour optimiser ses routes à long terme et plus rentables, Air Mauritius, elle, persiste sur Gatwick — malgré des pertes estimées à Rs 3,4 milliards sur deux ans sur la ligne Maurice–Londres.
L’ancien président du conseil d’administration, Kishore Beegoo, avait pourtant présenté un bilan positif, affichant un bénéfice de Rs 252 millions sur trois mois, depuis le 6 février.
Mais des doutes persistent : ces chiffres auraient-ils été embellis, alors que la route vers Gatwick coûte à la compagnie environ Rs 141 millions par mois ?
Depuis le départ de Kishore Beegoo, qui affirme n’avoir rien à se reprocher, le management committee, désormais inexistant, laisse Air Mauritius dans une atmosphère clanique, où les retraités rappelés sous contrat semblent primer sur le mérite des employés actifs.
Cela fait déjà deux ans qu’Air Mauritius dessert Gatwick au lieu de Heathrow.
Derrière cette décision se cache une série de tensions stratégiques.
Le débat autour de Gatwick dépasse la simple question d’aéroport : il révèle les fragilités structurelles d’une compagnie encore en reconstruction après des années de turbulences financières et institutionnelles.
Sous la présidence de Kishore Beegoo, Air Mauritius n’a connu aucune accalmie — ni sur le plan structurel, ni au niveau du service client, ni même sur le plan social.
Autre sujet de controverse : le rappel discret d’anciens cadres retraités à des postes clés, certains même impliqués dans des litiges passés avec la compagnie.
Des postes “taillés sur mesure”, pendant que des employés qualifiés stagnent sans promotion.
Seule lueur d’espoir pour ces employés : la nomination de Megh Pillay à la tête d’Airport Holdings Ltd.
Le tandem André Viljoen – Megh Pillay a d’ailleurs été salué en interne, plusieurs employés confiants, sous couvert d’anonymat, qu’Air Mauritius ne doit pas devenir une réserve pour anciens protégés.
Enfin, le rapport de l’agence Kroll, toujours attendu, pourrait éclaircir certaines zones d’ombre.
Mais pour beaucoup, l’espoir d’un nouvel envol reste suspendu à une réforme en profondeur — celle de la gouvernance, de la transparence et, surtout, du mérite.