À quelques jours du premier anniversaire de l’Alliance du Changement, une question brûlante refait surface : le feu couve-t-il sous les cendres entre les deux principaux blocs de cette coalition, à savoir le PTR et le MMM ?
En tout cas, selon les dernières informations, une rencontre de haut niveau se tient en ce moment afin de tenter d’apaiser les tensions.
Selon plusieurs sources concordantes, des désaccords profonds se sont installés depuis quelque temps, sur fond de divergences stratégiques et de nominations controversées.
Hier, une réunion d’urgence du Bureau politique a été convoquée au quartier général des Mauves. Plusieurs sujets sensibles y ont été abordés.
Absent à cette réunion : le ministre du Travail et député Reza Uteem, actuellement en mission à l’étranger, dont le retour est prévu pour ce samedi.
Or, les désaccords entre le PTR et le MMM ne datent pas d’hier. Ils trouvent leurs racines dans plusieurs dossiers épineux.
Le cas de Rama Sithanen, dont la démission à la tête de la Banque de Maurice faisait l’unanimité, a vite été suivi d’une affaire bien plus controversée : celle de Kishore Beegoo.
Sa gestion à Air Mauritius avait déjà suscité de vives critiques de Paul Bérenger, qui ne cachait pas son mécontentement vis-à-vis de certaines décisions de l’ex-président du conseil d’administration de la compagnie d’aviation nationale.
Aujourd’hui encore, certains au sein du PTR estiment que le leader des Mauves s’ingère de manière trop marquée dans les affaires relevant des proches du Dr Navin Ramgoolam.
Les tensions se sont accentuées depuis la nomination de Megh Pillay comme président du conseil d’administration d’Air Mauritius — une décision que Kishore Beegoo a qualifiée haut et fort de manquement à la bonne gouvernance.
Selon les bruits de couloir, Paul Bérenger semble vouloir garder la main sur le secteur aérien et certaines institutions clés. Cette impression d’appétit de contrôle irrite au plus haut point les Travaillistes, qui y voient une tentative d’influence excessive sur des domaines jugés stratégiques.
On se souvient encore de la vive réaction de Paul Bérenger à propos de l’atterrissage du jet privé malgache, alors qu’il assurait la suppléance du Premier ministre. Son ton offensif sur les ondes, suivi d’un discours plus mesuré en conférence de presse, avait déjà laissé entrevoir une tension interne maîtrisée, mais réelle.
Dans les coulisses, certains ministres se plaignent également du traitement qui leur est réservé lors des Conseils des ministres.
Le Dr Navin Ramgoolam, fidèle à sa réputation de stratège prudent, a choisi jusqu’ici de temporiser. Ni au Parlement ni dans ses sorties publiques, il n’a laissé paraître le moindre signe d’impatience ou de discorde
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Mais les signaux se multiplient : le feu, peut-être discret, semble bel et bien couver sous les cendres.
Du côté du MMM, on reconnaît en privé que des divergences existent quotidiennement — « comme dans tout mariage politique », confie un membre du Bureau.
Mais, ajoute-t-il, « la volonté demeure intacte » de poursuivre le programme commun et de tenir les engagements.
Reste à savoir si, dans les prochaines semaines, les deux partenaires sauront préserver l’équilibre fragile de leur alliance — ou si le brasier finira par éclater au grand jour.