Aucun élément factuel ne permet pour l’instant de prouver que c’est bien le vaccin développé par le laboratoire anglo-suédois qui provoquerait ce problème de thromboses (formation de caillots sanguins). Ce problème médical touche des dizaines de milliers de personnes tous les ans et ce depuis des années, avant l’apparition du vaccin AstraZeneca.
Alors pourquoi le vaccin AstraZeneca a-t-il été suspendu ? Depuis vingt-quatre heures, cette décision de précaution suscite de nombreuses interrogations et réactions, notamment dans le monde médical. Plusieurs professeurs en pharmacologie voyant là une « annonce politique », plus que scientifique, fruit d’un effet domino parmi les vingt-sept, en quelques jours. Invité sur France Inter, le Pr Alain Fischer, président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, a affirmé pour sa part qu’il s’agissait d’une décision médicale avant d’être politique. Rappelant le chiffre revendiqué par le laboratoire anglo-suédois de 17 millions de personnes vaccinées dans l’Union européenne et au Royaume-Uni, il a estimé qu’« il n’y a aucune raison de dire qu’on a été trop vite ».
Pour autant « la situation est qu’il y a eu de nouvelles alertes venant de pays européens concernant des thromboses atypiques qui suggèrent qu’il pourrait se passer un évènement dans lequel le vaccin joue un rôle », a poursuivi le « Monsieur Vaccin » du gouvernement, attirant l’attention sur l’« atypie plus que sur le nombre de cas » et sur le fait qu’« on n’est plus tout à fait dans le principe de précaution, ça va au-delà ».
De son côté, le ministre de la Santé a voulu rassurer les 1 344 148 Français qui ont déjà reçu une première dose : « Je fais partie de ces Français qui ont reçu une injection d’AstraZeneca. Il n’y a pas de démarche particulière à entamer, les gens ne sont pas en danger parce qu’ils auraient été vaccinés par AstraZeneca. Ce que nous dit l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), c’est que comme pour toute prise de médicament, si vous présentez des symptômes, d’ailleurs liés ou non à la prise de ce médicament, eh bien vous appelez votre médecin. Sinon, il n’y a aucune démarche particulière à entamer », a insisté Olivier Véran. Le ministre a également dit espérer pouvoir reprendre les vaccinations avec le sérum d’AstraZeneca jeudi après le nouvel avis de l’Agence européenne du médicament.