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: Le 24/10/2020 à 14:53 | MAJ à 18/07/2024 à 17:26
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Publié : Le 24/10/2020 à 14:53 | MAJ à 18/07/2024 à 17:26
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Laurent Obertone, journaliste, essayiste et romancier, a répondu aux questions de Sputnik sur les risques d’effondrement auxquels la France fait face. Son dernier opus, «Éloge de la force» (Éd. Ring), tente d’aider les Français à «reprendre pied» dans une société en proie au terrorisme, à l’insécurité et à la précarité. Entretien-choc.

La France court à la catastrophe. C’est ainsi que Laurent Obertone décrit l’ambiance actuelle. D’après le journaliste, essayiste et romancier, les Français «désemparés» et «dépossédés d’à peu près tout» doivent reprendre leur destin en main face à une société en proie au terrorisme, à l’insécurité et à la crise économique.

«C’est d’abord un constat d’impuissance. J’ai écrit beaucoup de livres sur l’insécurité, sur l’immigration ou les médias et systématiquement, mes lecteurs en venaient à la question: “que faire?”»

Afin de tenter d’y répondre et de «donner des solutions après les constats», Laurent Obertone, journaliste, essayiste et romancier, a récemment publié Éloge de la force (Éd. Ring), un ouvrage dans lequel il détaille dix «commandements» pour tenter de sortir des Français qu’il juge «désemparés» et «dépossédés d’à peu près tout» de leur «état de faiblesse» et de leur «défaitisme».

L’exécutif a-t-il enfin pris la mesure du danger islamiste en France? Pas pour Laurent Obertone:

«Il a pris la mesure du fait qu’il fallait communiquer absolument, plus et plus vite. Expulser 231 étrangers fichés soulève la question de savoir pourquoi ces individus étaient sur notre sol de manière assez tranquille.»

Le journaliste assure que «231 personnes, c’est absolument ridicule» et rappelle que l’auteur du meurtre de Samuel Paty n’était pas fiché S. Pour Laurent Obertone, il est temps de sérieusement contre-attaquer face au péril islamiste:

«À partir du moment où vous avez aujourd’hui en France des individus prêts à mourir au nom de cette idéologie, la mise en place de numéros verts, les pactes et autres moyens éducatifs ne suffiront pas à résoudre le problème. Nous sommes face à un problème très grave, qui a pris une ampleur énorme.»

L’auteur affirme que de nombreux professeurs «censurent leurs cours»: «Quand on parle de liberté d’expression, de Moyen-Orient ou d’histoire française, on ne peut pas dire ce que l’on veut. Le problème est extrêmement profond et relève à la fois de l’institution judiciaire et de l’immigration. Tant que l’on n’aura pas le courage de traiter ces problèmes à la racine, nous n’avons aucune chance de les résoudre.»

Le pouvoir de «la pensée unique»

Laurent Obertone appelle les Français à avoir le courage de leurs opinions, mais reconnaît que «c’est de plus en plus compliqué». «L’État n’y met pas du sien», souligne-t-il. L’écrivain fait ici référence à la volonté du gouvernement d’un meilleur contrôle des réseaux sociaux. Le Premier ministre Jean Castex l’a assuré: «La surveillance des réseaux sociaux et la lutte contre la haine en ligne seront intensifiées.»

«Un type qui est prêt à décapiter quelqu’un parce qu’il a blasphémé, le contrôle des réseaux sociaux n’est pas son problème principal. Une telle loi va encore une fois restreindre les libertés individuelles, celle de dénoncer ce genre d’acte ou l’absence totale de contrôle de l’immigration», répond Laurent Obertone.

D’une manière plus générale, l’auteur de La France Big Brother (Éd. Ring), un livre dans lequel il explorait le contrôle social au nom de la pensée unique, regrette la puissance dont jouit cette dernière dans la société d’aujourd’hui:

 

«Il y a une pression sociale énorme qui pèse sur nos concitoyens. Si on exprime une opinion qui n’est pas avalisée par ce régime, par “Big Brother”, par la pensée unique, on va être ostracisé, désigné et pointé du doigt, que ce soit aux repas de famille ou avec nos collègues.»

Laurent Obertone assure que la peur de l’ostracisme est très forte. «On ne veut pas être désigné, donc on va avoir tendance à nous censurer nous-même, comme certains professeurs de Seine–Saint-Denis, pour nous conformer au discours qui est le moins dommageable socialement», analyse-t-il.

Le journaliste affirme que tant qu’existera «cette espèce de chantage permanent à l’extrême droite et au racisme» qui consiste selon lui à simplement empêcher les gens de s’exprimer, «nous ne serons pas dans un pays libre et ne pourrons pas résoudre les problèmes.»

 

Et ils sont nombreux, selon Laurent Obertone, qui a contribué à populariser le terme d’«ensauvagement», notamment via son ouvrage La France Orange Mécanique (Éd. Ring). Dans ce livre, l’ancien élève de l’École supérieure de journalisme de Lille dépeint une France confrontée à une délinquance de plus en plus violente, à l’image de celle observée dans le chef-d’œuvre de Stanley Kubrick. «Le terrorisme est un épiphénomène d’une violence beaucoup plus banale et quotidienne», assure Laurent Obertone.

«Toutes les 24h en France, nous avons plus de 120 agressions au couteau recensées. C’est absolument considérable et ce climat-là de terreur latente n’est quasiment pas dénoncé médiatiquement», regrette-t-il.

D’après lui, quelques affaires –comme le meurtre de la jeune Victorine, âgée de 18 ans et assassinée à Villefontaine en Isère par un jeune homme de 25 ans –, sont certes mises en avant. «Mais tous les jours, il y a des faits divers gravissimes, auxquels s’ajoute une faillite judiciaire. Les individus ne sont jamais condamnés à hauteur de ce que prévoit le Code pénal et les peines prononcées ne sont jamais exécutées dans leur totalité.»

Sans surprise, Laurent Obertone rejette le terme de «sentiment d’insécurité» employé par Éric Dupont-Moretti, garde des Sceaux:

«Quand on regarde les chiffres, c’est absolument terrifiant. Tout cela participe d’un climat très général et si on focalise l’attention uniquement sur le fait terroriste, la laïcité ou le besoin d’autorité, nous n’avons aucune chance de résoudre les problèmes.»

D’après l’analyse de l’auteur d’Éloge de la force, l’un des principaux soucis du citoyen français reste sa dépendance vis-à-vis de l’État: «Le citoyen français, très légaliste, va s’en remettre à l’État et considérer que ce celui-ci a le monopole de la violence légitime. C’est donc à lui de réguler la situation. Sauf que, concrètement, l’État ne remplit pas sa mission d’application de la loi et ne garantit plus la sécurité de nos concitoyens. Et le citoyen qui fait ce constat et qui va vouloir lui-même rendre sa justice ou assurer sa propre sécurité sera dans le viseur de l’État.»

Vers la guerre civile?

Le journaliste assure qu’il est dès lors impossible de se défendre contre la violence illégitime concédée à ces groupes délinquants et criminels. Il ajoute que les arrestations faites par la police se doivent d’être suivies par des sanctions adéquates, au risque de voir leur travail réduit à néant. «Nous sommes dans une situation extrêmement préoccupante», alerte-t-il.

De quoi aller vers une explosion sociale?

«Je pense que c’est un scénario considéré aujourd’hui comme probable au plus haut sommet de l’État», prévient Laurent Obertone.

«On voit bien que les éléments du drame sont en place. Des pans entiers du territoire échappent complètement au contrôle des forces de police», alerte l’auteur de Guérilla (Éd. Ring), un roman d’anticipation qui traite justement du déclenchement d’une guerre civile en France. Il ajoute une dimension économique à la dangereuse équation à laquelle va être confrontée la France. Comme de nombreux observateurs, l’écrivain s’inquiète fortement de l’impact dévastateur de la crise du Covid-19:

«Cette crise va coûter extrêmement cher et nous fait dépenser de l’argent que l’on n’a pas, qui a été plus ou moins fabriqué, et tôt ou tard la monnaie sera dévaluée et on en subira le contrecoup. Une crise économique d’une ampleur peut-être inégalée s’annonce. Et si cet État n’a plus les moyens de tenir la société, nous allons tous constater à quel point nous dépendons tous intégralement de lui et de ses services.»

Laurent Obertone l’affirme: «On pourrait plonger dans une situation ultra-chaotique.» Il rappelle que la crise du Covid-19 a entraîné une panique qui a un temps provoqué rayons vides dans les supermarchés et ruptures de stock de denrées de base.

«Imaginez que cela aille plus loin, avec par exemple un embrasement des banlieues comme en 2005 avec en plus la question terroriste et une police complètement dépassée. Cela sera très difficile», conclut Laurent Obertone.