La Birmanie a définitivement basculé dans une répression sanglante, dimanche 28 février, quand de nouveaux rassemblements prodémocratie, protestant contre le coup d’Etat du 1er février, ont été violemment dispersés par les forces de sécurité. Au moins 18 manifestants ont été tués dans plusieurs villes du pays, a rapporté le Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies dans un communiqué.
Les autorités ont graduellement intensifié l’usage de la force pour les disperser, avec des gaz lacrymogènes, canons à eau, balles en caoutchouc et parfois des tirs à balles réelles.
« Nette escalade du recours à la force létale »
Pyae Zaw Hein, volontaire auprès des secouristes à Dawei, a expliqué que plusieurs morts avaient été « touchés par des tirs à balles réelles », alors que les blessés avaient été atteints par des tirs de balles en caoutchouc.
A Rangoun, les forces de sécurité ont aussi très vite dispersé une manifestation. « La police a commencé à tirer dès que nous sommes arrivés, a déclaré Amy Kyaw, une institutrice de 29 ans. Il n’y a pas eu un mot d’avertissement. Certains ont été blessés et certains sont toujours en train de se cacher dans les maisons du quartier. » Des retransmissions en direct sur les réseaux sociaux montraient les forces de sécurité utilisant des gaz lacrymogènes contre la foule à Rangoun. Mais on ignore si des tirs à balles réelles ont été effectués. A Mandalay, un manifestant, grièvement blessé par un projectile qui a transpercé son casque et s’est logé dans son cerveau, est dans un état critique.
Avant la journée de dimanche, on dénombrait cinq morts dans les rangs des manifestants depuis le 1er février. L’armée a affirmé pour sa part qu’un policier avait péri en tentant de disperser un rassemblement. « La nette escalade du recours à la force létale (…) est scandaleuse et inacceptable et doit être immédiatement stoppée », a réagi Phil Robertson, directeur adjoint de la division Asie de Human Rights Watch.