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: Le 26/02/2022 à 13:38 | MAJ à 18/07/2024 à 17:22
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Publié : Le 26/02/2022 à 13:38 | MAJ à 18/07/2024 à 17:22
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Un incident qui risque de remettre sur la table la question du droit au blasphème qui divise les Français. Ainsi, pour dénoncer l’homophobie de l’Église, deux influenceurs ont publié sur TikTok une vidéo de danse dans une église parisienne. Après avoir reçu des menaces de mort, l’un d’entre eux a demandé une protection policière.
Un TikTokeur avec plus de 90.000 abonnés a en effet été menacé de mort après avoir dansé avec son camarade en crop top dans l’église Saint-Paul-Saint-Louis, dans le IVe arrondissement de Paris, rapporte Le Parisien.
La danse de l’influenceur Benjamin Ledig et son camarade Queen Paul devant un crucifix sous les paroles de “Mecs de cité” des rappeurs Sifax et Sofiane a été publiée sur les réseaux sociaux, notamment TikTok. Une autre vidéo, qui selon le quotidien a été supprimée depuis, montre Queen Paul mimer une fellation.
Auprès du Parisien, Benjamin Ledig a expliqué vouloir ainsi dénoncer l’intolérance de l’Église envers l’homosexualité. Bien que l’institution ait indiqué avoir demandé à l’auteur de retirer la vidéo, il a refusé sans exprimer aucun regret quant à cette action.
Comme cette vidéo est devenue virale, l’adolescent a été visé par “un déferlement de haine d’une particulière violence impactant lourdement son quotidien et celui de ses proches”, indiquent ses avocats dans un communiqué publié le 17 février sur Instagram.
“Il n’est pas en mesure de sortir de chez lui sans recevoir insultes et menaces de mort”, ajoutent-ils en annonçant l’intention de saisir le procureur de la République de Paris sur ces faits.
Benjamin Ledig compare sa situation à celle de Mila. Il fait part également de fuites de l’adresse et du numéro de téléphone de ses parents et de ses conversations personnelles demandant une protection policière.
Quant à Queen Paul, il a supprimé la vidéo peu après la publication en présentant dans un message ses excuses “auprès des catholiques qu’il a pu blesser”.
Droit au blasphème en France
Cet incident renvoie aux débats sur le droit au blasphème qui ont été remis sur le devant de la scène après l’affaire Mila. Cette jeune lycéenne s’est retrouvée au centre d’une polémique en janvier 2020, lorsqu’elle a répondu à des injures sur son orientation sexuelle lors d’un live sur Instagram par des propos très critiques envers l’islam. Une campagne de cyberharcèlement est alors née, la poussant à quitter son lycée et l’obligeant à vivre sous protection policière.
En novembre 2020, elle s’est attiré une nouvelle salve de menaces après la publication d’une seconde vidéo polémique sur TikTok.
Dans le cadre de l’affaire, au moins 12 jeunes ont été condamnés à des peines allant de quatre à dix mois de prison avec sursis pour avoir menacé de mort Mila alors que cinq autres seront jugés en avril pour “harcèlement moral en ligne et menaces de mort”.
En France, le blasphème, qui a été décriminalisé par la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, divise toujours la société, ce que démontre notamment le dernier sondage Ifop pour la Licra et le Droit de Vivre auprès de plus de 1.000 lycéens sur la laïcité et la place des religions à l’école et dans la société publié en mars 2021.
Selon cette enquête, 52% des lycéens se montrent sceptiques quant à “la liberté de se montrer irrespectueux vis-à-vis une religion et ses dogmes, soit une proportion quasi identique à celle observée chez l’ensemble des Français (50%)”.