Le 25 janvier 1971, Idi Amin Dada (48 ans) prend le pouvoir à Kampala, capitale de l’Ouganda, un État relativement prospère de l’Afrique de l’Est anglophone qui a alors huit à dix millions d’habitants (40 en 2017).
Repéré du temps de la colonisation par les recruteurs britanniques pour son physique impressionnant, Amin Dada (1923-2003) se hisse grâce à ses qualités de meneur d’hommes, jusqu’au grade de lieutenant d’infanterie, grade alors rarement attribué par les Britanniques à un natif. Après l’indépendance de l’Ouganda (1962), devenu chef d’état-major, il aide le Premier ministre Milton Obote à renverser le président Mutesa (1966).
Constatant quelque temps plus tard qu’Obote l’éloigne du pouvoir, il devance la disgrâce et le renverse à son tour sans que l’Occident s’en émeuve car Obote sympathisait avec l’URSS. Une fois président, Amin Dada s’affuble de tous les titres (docteur, maréchal à vie, roi d’Écosse…), se décerne toutes les médailles (y compris des copies d’ordres étrangers).
Plus sérieusement, il expulse aussi manu militari les ethnies rivales, les intellectuels, les Israéliens ainsi que 80 000 commerçants indo-pakistanais, contraints de se réfugier au Royaume-Uni, et dont il redistribue les biens à ses proches. Il finit par ruiner son pays tout en se ridiculisant auprès de l’opinion internationale.
Confronté à différentes rébellions, il tente de reprendre la main en attaquant la Tanzanie en novembre 1978 mais se fait battre malgré le soutien libyen et palestinien. Le 11 avril 1979, il s’enfuit en Arabie Séoudite où il meurt en 2003. Caricature de l’Afrique post-coloniale des années 1970, ce tyran ubuesque aura fait disparaître entre 150 000 et 300 000 Ougandais.