Tout a commencé en 1962 quand les autorités de la ville ont demandé aux pompiers de mettre le feu aux détritus de cette ville américaine pour célébrer la fête nationale. Un feu qui n’en finit jamais et qui a rayé Centralia de la carte de Pennsylvanie depuis 1981. Cela fait en effet bien longtemps que les plus de 2000 habitants, maisons ou commerces sont introuvables. A peine aperçoit-on encore les pierres qui délimitaient les propriétés depuis le ciel.
Les autorités ont d’ailleurs longtemps cru qu’elles pourraient éviter un déplacement de population.
Dick Thornburgh, gouverneur de Pennsylvanie, ne disait-il pas en 1983 qu'”aucun habitant, que ce soit pour des raisons financières ou autres, ne serait obligé de vendre sa maison ou de quitter les lieux” ?
Cette promesse n’a pas été tenue, et la ville dut être rasée. La faute à ce feu des pompiers qui se propage à une mine de charbon voisine, créant un incendie souterrain qui finit par faire exploser l’asphalte des routes et produit des émanations toxiques un peu partout dans la ville.
Des images d’archive montrent ainsi des routes éventrées, laissant apparaître des canalisations en piteux état, mais également d’épais nuages de fumée recouvrir la ville. Depuis, l’artère principale qui traversait Centralia a été fermée à la circulation. Depuis, les street-artistes par centaines se sont emparés de l’asphalte pour en faire un gigantesque tableau. “Depuis qu’on est petit, on entend parler de cet endroit, témoigne Corey, 21 ans, sur place. Tout le monde disait qu’on devait absolument venir”. Fasciné, Bernard, même âge, n’en revient pas d’être ici : “C’est incroyable d’être ici, parce qu’en principe, c’est illégal. Mais personne ne surveille.”
Et pour cause. Depuis 57 ans, le feu continue de se consumer sous la surface, faute d’avoir trouvé un moyen de l’éteindre. Un risque d’émanation dangereuse existe, alors que l’incendie continue de se propager. C’est pourquoi il y a, à certains endroits de Centralia, des sondes qui permettent “de mesurer le gaz et la température au sous-sol pour savoir quand il y a un danger pour l’homme”, précise Robert Gadinski en faisant sentir le souffle brûlant des flammes aux touristes de passage.
A Centralia, il n’y a plus qu’un dernier irréductible. Gerald, mécanicien, qui restaure de vieilles voitures. “Avant, il y avait encore quelques personnes, mais maintenant, c’est vraiment une ville-fantôme”, constate-t-il. “Mais je ne me sens pas seul. Il y a encore du passage et il y a beaucoup de visiteurs le week-end.” Il faut bien qu’il s’en satisfasse car, à court ou moyen terme, il n’y a aucun espoir de voir renaître Centralia. Il faudrat en effet au moins 250 ans pour que le feu sous-terrain puisse enfin s’éteindre.