Jeudi 19 septembre, les régulateurs antitrust de l’Union européenne (UE) ont sommé Apple d’ouvrir ses logiciels farouchement protégés à ses rivaux, sous peine de se voir infliger de lourdes amendes. Le chiffre d’USD 38 milliards est avancé. La Commission européenne a lancé une procédure dite de spécification qui précisera ce qu'Apple doit faire pour se conformer au Digital Markets Act (DMA), la nouvelle loi stricte visant à empêcher les géants de la technologie d'abuser de leurs parts de marché.
Bien qu’il ne s’agisse pas d’une enquête formelle, l’application renforcée de la loi pourrait bouleverser le lucratif modèle économique d’Apple en ciblant ses fonctionnalités de connectivité iOS pour les montres intelligentes, les écouteurs, les casques de réalité virtuelle et d’autres appareils connectés à Internet. L'organisme de réglementation basé à Bruxelles précisera comment Apple assurera une interopérabilité efficace avec des fonctionnalités telles que les notifications, l'appariement d'appareils et la connectivité. Une deuxième procédure concerne la façon dont Apple traite les demandes d'interopérabilité soumises par les développeurs et des tiers pour iOS et iPadOS, l'entreprise étant invitée à garantir un processus transparent, rapide et équitable.
Si Apple ne s’y conforme pas dans un délai de six mois, l’UE pourrait commencer à infliger des amendes. La DMA stipule que les entreprises technologiques qui ne se conforment pas à la loi risquent des sanctions équivalentes à 10% de leur chiffre d'affaires annuel mondial.
L’an dernier, Apple a généré 383,93 milliards de dollars de chiffre d’affaires total en Europe, ce qui a mis le géant de Cupertino, en Californie, sur la sellette pour plus de 38 milliards de dollars s’il ne parvenait pas à répondre aux exigences du régulateur. Apple a fermement refusé de permettre à ses rivaux de consulter son code source iOS, qui permet à l'entreprise de contrôler le développement, la distribution et l'octroi de licences du logiciel qui permet à ses appareils de fonctionner.
Les développeurs qui souhaitent placer leurs applications sur des appareils Apple doivent utiliser des outils fournis par Apple tels que Xcode et Swift, mais ils doivent respecter les directives d'Apple. Apple a déclaré qu'elle continuerait à travailler de manière constructive avec la Commission, mais a également mis en garde contre les risques.
« Saper les protections que nous avons mises en place au fil du temps mettrait les consommateurs européens en danger, en donnant aux acteurs malveillants du marché plus de moyens d’accéder à leurs appareils et à leurs données », peut-on lire dans un communiqué. Au début du mois, Apple a lancé un nouvel iPhone16 doté de la dernière version de son iOS, qui offre une suite de technologies d'intelligence artificielle très vantées.
Les géants de la technologie Apple, Google, Amazon, Facebook et Microsoft — que la DMA qualifie de « gardiens » — ont fait l’objet d’une répression dans l’UE en raison de comportements anticoncurrentiels présumés. En mars, l'UE a infligé une amende d'environ 2 milliards de dollars à Apple pour avoir prétendument restreint la concurrence en empêchant les développeurs d'orienter les utilisateurs vers d'autres options de paiement en dehors de l'App Store.
Plus tôt cette année, Meta, une société mère de Facebook et Instagram, a été accusée de violer la DMA en ne donnant pas aux utilisateurs la possibilité de protéger leurs données personnelles contre les annonceurs.