
La vérité autour du décès de Steve Jacquelin Juliette, survenu en janvier 2023 après une interpellation policière, continue de faire débat. Le rapport de contre-autopsie du Dr Pierre Perich, expert médico-légal français, déposé cet après-midi devant la cour de Pamplemousses, dresse un tableau clinique complexe. La cause de la mort selon lui serait un œdème pulmonaire. Il mêle lésions externes évocatrices de violences, pathologies internes graves et éléments de toxicologie.
Selon la déposition du Dr Perich, sur le corps, plusieurs ecchymoses ont été relevées. Certaines, violacées à jaunâtres, sont en voie de disparition et donc plus anciennes que la date de sa mort. D’autres, situées au bas du dos, sous les genoux et sur la lèvre supérieure gauche, semblent récentes et contemporaines des faits du 7 janvier 2023.
Du sang coagulé sous les ongles a également été noté. Une ecchymose sur le visage paraît récente, bien que son origine reste incertaine. Un doute plane sur un autre hématome, dont la localisation évoque la trace possible d’un tuyau ou d’un objet appliqué contre la gorge. Le Dr Perich écarte toute blessure grave aux testicules, mais souligne la présence d’un œdème du pénis, une enflure qu’il juge non probante mais troublante, et qui serait définitivement dû à un coup. Ces lésions ne sont pas en elles-mêmes mortelles, mais leur existence s’accorde avec une scène de violence physique.
Le poumon de la victime présente une hypertrophie marquée, c’est-à-dire un volume bien supérieur à la normale pour un homme de 36 ans. Les artères coronaires sont obstruées jusqu’à 95 %, preuve d’une athérosclérose sévère. Des dépôts de graisse ainsi qu’un taux de cholestérol élevé ont aussi été notés. Le médecin note également des cicatrices d’anciens infarctus. Le cœur, affaibli, n’a pas pu assurer une circulation sanguine efficace. Ce dysfonctionnement a entraîné une inondation des poumons, remplis de liquide, et une accumulation d’écume dans la trachée. Ce tableau est caractéristique d’une insuffisance cardiaque aiguë, cause directe de la mort selon le contre-expert.
La toxicologie a révélé de la codéine et des dérivés morphiniques dans le sang, probablement issus d’un usage prolongé de néo-codions. Dans les cheveux, des traces de morphine et d’héroïne ont été retrouvées, bien qu’aucune consommation d’héroïne n’ait été détectée dans le sang le jour de sa mort. Le médecin évoque une addiction chronique, non létale à elle seule, mais pouvant avoir contribué à l’usure prématurée de son système cardiovasculaire.
Enfin, l’état de stress extrême dans lequel se trouvait Steve Jacquelin Juliette est clairement souligné. Les témoignages évoquent un homme haletant, au regard paniqué, submergé par la peur lors de son arrestation par plusieurs policiers. L’effet du choc émotionnel sur un cœur déjà malade n’est pas négligeable : il peut provoquer des arythmies, des spasmes vasculaires, et précipiter un œdème pulmonaire fatal. Le médecin estime que cet état de panique, associé à la violence subie, a pu agir comme un déclencheur sur un terrain médicalement fragile.
La conclusion du Dr Perich reste mesurée. Il affirme que la mort résulte d’un arrêt cardiaque sur un terrain pathologique sévère, aggravé par un stress physique et psychologique intense. Aucune lésion externe ne prouve un traumatisme létal direct. Pourtant, les hématomes récents, les signes de détresse psychique et les conditions de l’arrestation indiquent que Steve Jacquelin Juliette a vécu des instants d’une extrême violence. Un choc qui, bien que non mortel par lui-même, aurait pu suffire à faire basculer un organisme fragilisé vers la mort.