Si quelques études commencent à lever un coin du voile, on ne sait toujours pas vraiment pourquoi certains malades atteints du Covid-19, affichent ensuite pendant des mois des symptômes comme une fatigue extrême, des difficultés respiratoires ou des troubles neurologiques et cardiaques parfois très sévères.
Un an après le début de la pandémie et plus de 2,1 millions de morts et alors que l’attention se porte actuellement sur les campagnes de vaccinations et les variants, il est temps de commencer à résoudre le mystère du « Covid long », exhorte Janet Diaz, responsable de l’équipe clinique chargée de la riposte à la Covid-19 à l ’OMS (Organisation mondiale de la santé).
« Une pathologie qui nécessite d’être mieux décrite »
L’instance organise, ce mardi, le premier séminaire virtuel consacré au Covid long. Il rassemblera des cliniciens, des chercheurs et des experts pour trouver une définition de la maladie, lui donner un nom formel et harmoniser les méthodes pour l’étudier.
« C’est une pathologie qui nécessite d’être mieux décrite, dont on a besoin de savoir combien de personnes sont affectées, dont il faut mieux comprendre la cause pour que nous puissions améliorer la prévention, la gestion et les façons de la soigner », souligne Janet Diaz.
Les études disponibles montre qu’environ 10 % des malades ont des symptômes un mois après avoir été infectés mais on n’a pas idée pour l’heure de combien de temps ces symptômes peuvent persister.
Une diversité des profils des personnes touchés qui déconcerte
Ce qui est déconcertant avec le Covid long, c’est que le profil des patients qui en souffrent ne se superpose pas à ceux qui ont les profils les plus vulnérables : les personnes âgées et celles affligées de facteurs aggravants. Cela frappe des gens qui ont été malades du Covid à divers degrés, « et inclut également des gens plus jeunes », y compris des enfants, explique Janet Diaz.
C’est la preuve que non seulement le Covid n’est pas une simple grippe comme les négationnistes de la pandémie ont pu l’affirmer, mais c’est aussi un argument contre ceux qui plaident l’isolement des seules personnes fragiles comme réponse à la pandémie.
La fatigue mais une multitude d’autres symptômes
Le symptômes le plus fréquent semble être la fatigue mais il y en a foule : épuisement après un effort physique ou malaise, difficultés à penser clairement, souffle court, ou encore palpitations cardiaques et problèmes neurologiques. « Ce qu’on ne comprend pas c’est comment toutes ces choses sont liées. Pourquoi est-ce que quelqu’un aurait ceci et un autre cela ? », s’interroge la docteure, soulignant que les chercheurs vont devoir comprendre les mécanismes intimes de la maladie qui causent ces symptômes.
« Est-ce que c’est dû au virus ? A la réponse immunitaire ? Si nous en savions plus nous pourrions commencer à identifier certaines interventions pour réduire les symptômes », souligne-t-elle, notant « qu’une quantité énorme » de recherche était en cours.
Le premier séminaire d’une série…
L’élan en a été donné par les malades eux-mêmes. Las d’affronter les doutes et l’ignorance, ils se sont regroupés pour faire valoir leurs droits à une réponse et des soins. « Cela a été un mouvement phénoménal », reconnaît la docteure, qui a pris la charge de ce dossier en octobre à l’OMS.
Le séminaire du 9 février sera le premier d’une série. « Actuellement nous avons probablement assez de données (décrivant le Covid long) pour commencer à assembler les pièces du puzzle », estime-t-elle. Outre une définition précise et un nom, le séminaire doit aussi permettre de s’accorder sur les normes pour recueillir les données de surveillance des malades pour commencer à trouver les moyens de soigner. Les donateurs seront présents parce qu’il va falloir trouver de l’argent rapidement.