
Voté à l’Assemblée nationale, le Gambling Regulatory Authority (Amendment) Bill fait l'objet de controverses. Si le gouvernement le présente comme un pas vers plus d’intégrité dans les courses hippiques, ce texte piétine pourtant les recommandations phares du rapport Parry de 2015.
La commission d’enquête, dirigée par Richard Parry, préconisait une refonte radicale, avec la création d’une Mauritius Horseracing Authority indépendante, dotée de son propre Integrity Department pour enquêter et prévenir la corruption, et ce, en dehors de l’influence de la Gambling Regulatory Authority (GRA) et du Mauritius Turf Club (MTC).
Or, le projet de loi maintient la régulation sous la seule tutelle de la GRA, se contentant d’y ajouter une division « Horse Racing Integrity ». Résultat : aucune séparation des pouvoirs, aucune entité autonome et des risques de conflits d’intérêts flagrants, contraires à l’esprit même des conclusions de Parry.
Le texte actuel se contente de créer une division « Horse Racing Integrity » au sein de la GRA. Résultat : la GRA cumule les pouvoirs de régulation, d’octroi de licences et de surveillance, concentrant ainsi ce que le rapport Parry jugeait justement incompatible.
Il ignore également la recommandation de transformer le MTC en société commerciale, ainsi que celle d’abolir le poste de « Stable Manager », jugé superflu et source de confusion dans la gestion des écuries.
Dans le contexte des courses hippiques mauriciennes, la relation employeur‑employé place clairement le propriétaire de chevaux en position de patron : c’est lui qui engage et rémunère l’entraîneur, lequel gère l’entraînement, la préparation et la stratégie des chevaux.
Autre gros problème des amendements apportés à la GRA Act : le retour à l’ancien système de Stable Owner, autrement connu comme Stable Manager. C’est simplement une nouvelle appellation par rapport à ce qui se faisait auparavant au MTC.
Un système archaïque qui avait attiré de vives critiques non seulement dans le rapport Parry mais également à l’intérieur même du MTC, lequel avait fini par abolir ce système, contraignant tous les entraîneurs à être propriétaires de leur propre établissement.
L’Attorney General aurait‑il voulu noyer le poisson dans sa riposte au leader de l’opposition vendredi ? Il a argué que « under the rules of racing », c’est l’entraîneur qui est tenu responsable de tout ce qui se passe au sein de l’établissement où les chevaux sont sous sa garde.
Mais ce qu’il n’a pas dit, c’est que là où un entraîneur n’a pas une écurie à son nom, nécessairement il y a un Stable Owner, qui est directement son patron. Il est clair que le Stable Owner est l’employeur, et l’entraîneur, l’employé. Et dans toute entreprise, c’est le patron qui dicte sa loi et l’employé qui obéit !
Au Champ de Mars, on risque de connaître d’autres affaires à la Gemmazze’s Street de triste mémoire, parce que les recommandations du rapport Parry ne sont toujours pas suivies ! L’entraîneur entraînera… et l’employeur décidera !
À qui profite le crime ?
Les amendements actuels n’esquissent qu’un principe vague de coordination, sans mécanismes contraignants. Aucune restructuration des effectifs n’est prévue, aucun budget supplémentaire n’est alloué à la surveillance, alors que Parry avait jugé la GRA « inefficace et sous‑dotée ».
Comme le résumait Richard Parry, seule une entité indépendante aurait pu rompre avec les conflits d’intérêts historiques dans les courses. En l’absence de réformes radicales, on peut craindre que l’opacité et les travers dénoncés perdurent.
Le rapport Parry appelait à « un élément important d’indépendance » dans la gouvernance hippique ; le projet de 2025, lui, conforte le statu quo et risque de pérenniser les failles du système.