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: Le 30/01/2021 à 15:59 | MAJ à 18/07/2024 à 17:25
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Publié : Le 30/01/2021 à 15:59 | MAJ à 18/07/2024 à 17:25
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Le laboratoire de virologie et le service de santé au travail du CHU de Toulouse viennent de publier une étude qui évalue l’immunité chez les personnes infectées une première fois par le virus de la Covid-19. L’enquête a porté sur 8 758 soignants des hôpitaux de Toulouse. Elle est porteuse d’espoirs sur la durée de la réponse immunitaire et montre un niveau élevé de protection après une infection naturelle (85%).

 

Tout est parti d’une vaste étude sérologique menée chez une grande partie des soignants du CHU de Toulouse entre le 10 juin et le 10 juillet 2020, à la sortie du premier confinement. Le laboratoire de virologie a procédé à l’analyse de 8 758 prélèvements sanguins effectués chez les soignants afin de connaître la séroprévalence au SARS-Cov-2, c’est-à-dire la proportion de personnes ayant contracté une infection. « Nous voulions obtenir une photo en sortie de premier confinement sur une population censée avoir été exposée plus fortement au coronavirus que la population confinée », explique Chloé Dimeglio, docteur en mathématiques appliquées, biostatisticienne dans le laboratoire de virologie du Pr Jacques Izopet au CHU de Toulouse.

 

À la sortie du premier confinement, seulement 3% de soignants du CHU avaient trace du Covid dans leur sang

Premier enseignement, le taux de prévalence était très faible : seulement 3 % de cette population de soignants avait un marqueur sérologique d’une atteinte au SARS-CoV-2. Parmi les 8 758 soignants, 276 avaient donc trace dans le sang d’une infection au coronavirus, connue ou pas, symptomatique ou non, après une exposition à risque ou non (cas contact, gestes à risques, etc).

 

« Nous avons voulu regarder s’ils avaient des anticorps neutralisants, et quelle était leur concentration. Au moins 95 % de ces personnes avec trace du SARS-Cov-2 étaient porteuses de ces anticorps neutralisants mais avec des différences de concentration d’une personne à une autre. La suite logique était de les suivre dans le temps, pour savoir combien de temps durait leur immunité. Les soignants ont donc été à nouveau prélevés fin novembre, ce qui correspond à une durée moyenne de suivi de 5 à 6 mois (167 jours). Chez 96,7 % d’entre eux, leur taux d’anticorps neutralisant était soit stable, soit à la hausse. Ce qui signifie que l’immunité acquise après une première infection au coronavirus dure au moins six mois et c’est plutôt une bonne nouvelle », souligne Chloé Dimeglio.

L’immunité naturelle reste inférieure à celle conférée par les vaccins à ARN

Pour compléter, les chercheurs ont également suivi les soignants chez qui la sérologie n’indiquait pas d’infection passée au SARS-CoV-2 mais qui réalisaient des tests de dépistage (parce qu’ils avaient des symptômes ou qu’ils étaient cas contact). « Nous avons donc évalué le taux de nouvelles infections parmi cette population de soignants, de même que le taux de réinfection chez les soignants déjà positifs. Nous avons trouvé 12,1 % de nouvelles infections contre 1,8 % de réinfections (5 cas). Cependant nous n’avons pas pu établir de « règles » sur un seuil critique d’anticorps neutralisant au-dessus duquel on ne peut pas être réinfecté. De même, il semble ne pas y avoir de lien avec le fait d’avoir ou non eu des symptômes de la maladie.

Mais ce qu’il faut retenir c’est que, lorsqu’on a fait une première infection à SARS-CoV-2, on est protégé d’une réinfection à hauteur de 85 % dans les six mois qui suivent », complète la biostatisticienne qui conclut : « L’immunité après une infection naturelle semble inférieure à celle conférée par les vaccins à ARN messager (Pfizer et Moderna) qui est de 95 %. Donc nous avons intérêt à nous faire vacciner. Et lorsque la Haute Autorité de Santé recommande de se faire vacciner à partir de trois mois après une première infection, c’est cohérent ».

 

L’étude a été publiée dans la revue Clinical Infectious Diseases. Elle sera poursuivie pendant au moins deux ans pour observer l’évolution de l’immunité à plus long terme chez ces soignants du CHU de Toulouse.