La pandémie peut-elle s’éteindre d’elle-même à force de laisser le virus circuler au sein de la population ? Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la stratégie de l’immunité collective, jugée trop dangereuse, est “scientifiquement et éthiquement problématique”.
Comment arrêter la pandémie de Covid-19 ? Alors que la France subit ces dernières semaines de plein fouet la deuxième vague, et que les scientifiques mettent en garde contre une circulation active “jusqu’à l’été”, différentes solutions ont déjà été envisagées dans plusieurs pays du monde. Parmi elles, la stratégie de l’immunité collective. Elle consiste à laisser le virus circuler dans la population pour que la plupart des citoyens produisent des anticorps, et repoussent ainsi le virus en cas de deuxième infection. Mais ce lundi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a jugé inenvisageable de développer une telle stratégie.
“Jamais dans l’histoire de la santé publique, l’immunité collective n’a été utilisée comme stratégie pour répondre à une épidémie, et encore moins à une pandémie”, a répondu le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, en conférence de presse. “C’est scientifiquement et éthiquement problématique. Laisser libre cours à un virus dangereux, dont nous ne comprenons pas tout, est tout simplement contraire à l’éthique. Ce n’est pas une option”, a-t-il insisté.
“Nous ne savons pas si la réponse immunitaire est forte ou durable”
En cause, la dangerosité du virus pour une partie de la population, notamment âgée ou déjà malade, d’autant que plus d’un million de personnes sont déjà décédées des suites de cette maladie dans le monde. “La grande majorité des personnes dans la plupart des pays sont susceptibles de contracter ce virus”, poursuit Tedros Adhanom Ghebreyesus. “Les enquêtes de séroprévalence suggèrent que dans la plupart des pays, moins de 10% de la population a été infectée.” Or, selon l’institut Pasteur, il faudrait qu’au moins 70% de la population soit infectée pour que la pandémie de Covid-19 s’éteigne naturellement. Le patron de l’OMS a également rappelé que pour la variole, il faut que 95% de la population soit vaccinée pour que les 5% restants soient protégés. Pour la polio, ce taux est de 80%.