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Alex: Le 03/06/2022 à 08:53 | MAJ à 03/06/2022 à 08:53
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Publié : Le 03/06/2022 à 08:53 | MAJ à 03/06/2022 à 08:53
Par : Alex

Ministre, leader de l’opposition, Premier ministre, président de la République, sir Anerood Jugnauth aura eu plusieurs vies durant sa longue carrière politique.

Anerood Jugnauth est né le 29 mars 1930, à Palma. Il fait ses études primaires à la Palma Primary School, gérée par l’église anglicane. Puis, il est admis au Regent College en 1943. Il obtient son SC en 1947, puis son Matriculation Certificate qui est un passage obligatoire pour des études tertiaires en Angleterre.

Entretemps, il est recruté comme trainee nurse à l’hôpital Victoria en juin 1948, mais n’aime pas cette profession. Il ira enseigner l’histoire et la géographie au New Eton College pendant une courte période.

Il se joint au service civil, plus précisément au Poor Law Office, avant d’êtretransféré au judicaire en tant que Clerk de la cour. Et c’est là qu’il développe une attirance pour le droit, et plus particulièrement pour la magistrature. Ce qui le pousse à opter pour des études de droit. Il quitte le pays en 1951, a l’âge de 21 ans. Et rentre au pays en 1955. Il entame alors sa carrière d’avocat, et s’installe à la Rue Pope Hennessy, à Port Louis.

Le 18 décembre 1957, il épouse SarojiniBallah. Le couple aura deux enfants : Shalini et Pravind.

Cependant, il n’oublie pas son ambition première, et postule, en 1959, pour un poste de magistrat. Sa candidature est rejetée par le chef Juge Sir Rampersad Neerunjun.Anerood Jugnauth ressent cet échec comme une injustice. À noter qu’en 1958, il est approché par le Parti travailliste, mais refuse l’offre, car il n’adhère pas à l’idéologie de ce parti, après le départ de tribuns comme Anquetil, Curé, Rozemont, entre autres.

La famille Jugnauth est plutôt proche des frèresBissoondoyal. C’est ainsi qu’il accepte une investiture de l’IFB (Independent Forward Bloc), à Rivière du Rempart, aux électionsgénérales de 1963. Il parvient à battre un géant de la politique, AnathBeejadhur… Une année plus tard, il adhère au mouvement nationaliste hindou, l’AMHC… tout en demeurant un des dirigeants de l’IFB.

Sir Anerood Jugnauth fera aussi partie de la délégation mauricienne à la conférence constitutionnelle de Londres, en 1965, qui déterminera l’avenir politique de Maurice. Puis, il sera Junior Minister au sein du gouvernement de coalition PTR/PMSD/IFB/CAM… et sera nommé ministre du Travail après le départ du PMSD. Il démissionne en 1966, et abandonne la politique active, pour un poste au sein du Parquet. Il sera magistratet sera affectéà la cour de district de Mahébourg.

Selon certains historiens, il était un magistrat sévère mais impartial. Ensuite, il est promu au Crown Law Office, puis au poste de Senior Crown Counsel en 1970.

En 1971, lors des grèvesgénérales du mois d’août, organisées par le MMM et la GWF, il rejette la thèse gouvernementale, et soutient que cette action syndicale pour briser le gel des salaires étaitjustifiée et parfaitement légale. Il démissionne alorsdu judicaire et rejoint le MMM.

Entre 1972 et 1973, ce sera la clandestinité… le MMM est interdit, tout comme les syndicats de la GWF et le Militant, organe de presse de ce parti. Sir AneroodJugnauth fait alors partie de la direction du MMM, composée de militants encore en liberté. Puis, en 1974, le régime en place décide de desserrer l’étau autour du MMM et des syndicats…

En 1976, sir AneroodJugnauth est présenté comme Premier ministre d’un éventuel gouvernement MMM. Cela sur une proposition de Paul Bérenger. Et aux élections de décembre 1976, AneroodJugnauthest éludans la circonscription de Piton/Rivière du Rempart et devient leader de l’opposition. Poste qu’il occupera jusqu’à 1982 !

Aux élections de juin 1982, le MMM et son allié, le PSM, une dissidence travailliste, enlèvent tous les sièges à l’Ile Maurice. Ce sera le premier 60-0 de notre histoire. AneroodJugnauthaccède au poste suprême et devient Premier ministre. Un poste qu’il conservera jusqu’à 1995.

Entretemps, la cohabitation entre Paul Bérengeret AneroodJugnauthne tient pas. Ce dernier se  retrouve devant trois options : créer son propre parti avec les dissidents mauves, notamment, et affronter ses adversaires de toujours, le PTR et le PMSD, et son ancien parti, le MMM ; conclure une alliance avec le Ptr/PMSD ou encore se réconcilier avec ses anciens camarades.

Il choisit de conclure une alliance bleu/blanc/rouge sous son leadership, et celui de son parti, le MSM, créé en mai 1983. Ce sera des élections très communalisées, et cette alliance remporte la victoire face au MMM qui recueille quand même 46 % des suffrages exprimés. Puis, c’est pratiquementle mêmescénario aux législatives de 1987.

En 1990, sir Anerood Jugnauth parvient à barrer la route à une alliance entre le MMM et le Parti travailliste de sir SatcamBoolell. Et ce sera une nouvelle réconciliation entre Bérenger et Jugnauth.

Mais cette cohabitation ne durera pas. La cassure surviendra en 1993.  Les dissidents MMM fondent un nouveau parti, le RMM, et après la défaite aux partielles dans la circonscription Stanley/Rose-Hill, en janvier 1995, ce sera la chute et l’humiliation, avec le deuxième 60-0 en décembre 1995.

Puis, nouvelle réconciliation avec le MMM, en 2000, avec la formule inédite de partage du poste de Premier ministre entre les deux frères ennemis : sir Anerood 3 ans, PaulBérenger 2 ans.

Sir Anerood Jugnauth est nommé président de la République en 2003 et s’installe au Château du Réduit jusqu’en 2012. Il revient alors à la politique active, mais la tentative de former une alliance avec le MMM échoue, car Paul Bérenger opte pour un arrangement avec le Parti travailliste de Navin Ramgoolam.

Sir Anerood livre alors sa dernière bataille électorale, menant l’alliance MSM/PMSD/ML à une victoire inattendue. Et il devient Premier ministre. Puis, en 2017, il passe le flambeau à son fils pour occuper le poste inédit de ministre-mentor. Durant cette période, il livre une autre bataille, juridique et politique, pour recouvrer notre souveraineté sur l’archipel des Chagos. Il ne participe pas activement aux législatives de novembre 2019.