
À Maurice, la drogue ne sévit plus seulement dans les rues, elle s'est désormais infiltrée dans le milieu scolaire. Collèges, lycées et même écoles primaires : aucun établissement n'est épargné. Alors que le pays compte jusqu’à 150 000 consommateurs problématiques, éducateurs et ONG tirent la sonnette d'alarme : les drogues, parfois présentées sous la forme de bonbons, circulent dans les cours de récréation.
Programmes de prévention, réformes scolaires, mobilisation citoyenne… Les initiatives se multiplient, mais manquent de coordination et de moyens.
Quels leviers l’État, les éducateurs et la société civile doivent-ils actionner pour endiguer ce fléau dans les écoles ?
Robert Hungley, affirme que le temps du dialogue est révolu et qu'il est désormais urgent d'agir. Il déplore le manque de suivi et de résultats concrets dans les établissements scolaires, malgré les formations dispensées à de nombreux enseignants, et souligne la nécessité d'évaluer plus efficacement les efforts déployés sur le terrain.
Les contraintes administratives et le manque d’implication des enseignants freinent la bonne application de programmes tels que « GetConnected », dénonce Imran Dhannoo, responsable du Centre Dr IdriceGoomany pour la prévention et le traitement de l’alcoolisme et de la drogue. Il réclame plus d’autonomie pour adapter la prévention aux réalités locales et souligne qu’un changement de mentalité est indispensable pour que l’école puisse lutter efficacement contre la drogue.
Georgette Talary, travailleuse sociale, dénonce l’inefficacité des campagnes anti-drogue classiques et préconise la mise en place d'espaces d'écoute en milieu scolaire. Elle insiste également sur le soutien aux familles et appelle à une stratégie globale associant soins, accompagnement et réinsertion pour obtenir des résultats durables.
La lutte contre la drogue en milieu scolaire à Maurice exige une mobilisation réelle, alliant écoute, adaptation locale et soutien global, et ne se limitant pas aux seules campagnes de prévention.