
À Maurice, un simple document, le certificat de caractère, suffit à barrer la route vers l’emploi à des ex-détenus qui souhaitent se réinsérer dans la société. Un rapport de l’Association Kinouété, soutenu par l’Union européenne, dénonce cette barrière invisible et appelle à des réformes urgentes.
Alors que l’île Maurice cherche à moderniser ses politiques de réinsertion sociale, une barrière subsiste pour les ex-détenus : le certificat de caractère. Exigé par de nombreux employeurs, ce document représente un véritable obstacle pour les anciens détenus qui souhaitent intégrer le monde du travail.
Selon l’étude publiée par l'Association Kinouété le 29 mai dernier, l’obligation de produire un tel certificat sans mention empêche nombre d’anciens détenus, en particulier les jeunes et les femmes, de décrocher un emploi malgré leur motivation. « Sans certificat, pas de boulot. Et sans boulot, pas de vraie réinsertion », témoigne un ancien détenu devenu agent de sécurité grâce à l’aide de Kinouété.
Le rapport recommande une réforme urgente : effacer le casier judiciaire pour les infractions mineures, comme cela se pratique dans d'autres juridictions progressistes. Cette mesure permettrait aux anciens détenus de redevenir acteurs de leur avenir. En parallèle, l’étude recommande la création de partenariats entre les ONG et les entreprises afin de promouvoir des emplois dits « seconde chance » dans des secteurs comme l’hôtellerie, l’artisanat ou encore la restauration.
Alors que plus de 75 % de la population carcérale est liée à la drogue et que plus de 50 % est âgée de moins de 30 ans, il devient urgent d’ouvrir des portes, plutôt que d’en verrouiller davantage.