Le chef suprême de l’Iran, l’ayatollah Khamenei, a eu le choc de sa vie quand son discours à la télévision d’État hier a été interrompu pour afficher sa photo entourée de flammes et celles de quatre femmes tuées par la police des mœurs. Sur la photo, une légende accuse Ali Khamenei d’avoir le sang des enfants iraniens sur ses mains. “Le sang de nos jeunes est sur vos mains”, “Mort à Khamenei” et “La police est les assassins du peuple”, sont autant de messages diffusés avec comme arrière-plan des cris d’azadhi’ c.-à-d. liberté.
Des pirates informatiques soutenant la vague de manifestations dirigées par des femmes en Iran ont en effet interrompu une émission d’information télévisée d’État avec une image de réticule et de flammes sur le visage du chef suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, dans des images largement partagées en ligne ce dimanche.
“Le sang de nos jeunes est sur vos mains”, a lu un message à l’écran qui s’est brièvement affiché lors de l’émission télévisée samedi soir, alors que les manifestations de rue déclenchées par la mort de Mahsa Amini, 22 ans, ont de nouveau secoué Téhéran et d’autres villes.
“Les forces de police ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule dans des dizaines d’endroits à Téhéran”, a rapporté l’agence de presse officielle IRNA, ajoutant que les manifestants “ont scandé des slogans et incendié et endommagé des biens publics, y compris un poste de police”.
La colère a éclaté depuis la mort d’Amini le 16 septembre, trois jours après l’arrestation de la jeune femme kurde par la notoire police des mœurs pour un prétendu manquement au code vestimentaire strict de la République islamique pour les femmes.
“Rejoignez-nous et levez-vous”, lit-on dans un autre message du piratage télévisé revendiqué par le groupe Edalat-e Ali (Ali’s Justice).
Les pirates ont également publié des photos d’Amini et de trois autres femmes tuées lors de la répression qui a fait au moins 95 morts selon le groupe norvégien Iran Human Rights.
90 autres personnes ont été tuées dans l’extrême sud-est de l’Iran, dans des troubles le 30 septembre déclenchés par le viol présumé d’une adolescente par un chef de la police dans la province du Sistan-Baloutchistan, a déclaré IHR, citant la campagne des militants baloutches basée au Royaume-Uni.
Un membre du Corps des Gardiens de la révolution islamique a été tué samedi à Sanandaj, dans la province du Kurdistan, et un membre de la force paramilitaire Basij des Gardiens est mort à Téhéran des suites d’une « grave blessure à la tête suite à une attaque armée par une foule », a déclaré l’IRNA.